Paysage politique en Afrique de l’Ouest
L’Afrique de l’Ouest a connu d’énormes turbulences politiques ces dernières années, avec une combinaison de progrès démocratiques et de pertes. En 2024, la région a connu plusieurs coups d’État militaires, des élections démocratiques et des conflits internes qui continuent de façonner sa dynamique politique actuelle. Les prises de pouvoir militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont constitué une menace pour la stabilité démocratique de la région (UN News, Ghana News Agency). Le Ghana et le Sénégal maintiennent des procédures démocratiques au milieu des conflits politiques (ACCORD).
Conflits historiques et récents
L’Afrique de l’Ouest a une longue histoire de troubles politiques, y compris l’héritage colonial, les conflits ethniques et les mouvements d’indépendance. Les guerres civiles, les coups d’État militaires et les insurrections ont été fréquents au cours de la période postcoloniale. Parmi les guerres historiques importantes, on peut citer la guerre civile nigériane (1967-1970), les guerres civiles libériennes (1989-1997, 1999-2003) et la guerre civile sierra-léonaise (1991-2002).
Ces dernières années, la région a connu une augmentation des hostilités causée par les insurrections djihadistes, les milices ethniques et l’instabilité gouvernementale.
Exemples clés
Depuis 2012, le Mali est confronté à des insurrections entre séparatistes touaregs et groupes islamistes. En 2023, les forces armées maliennes et les mercenaires du groupe Wagner ont intensifié la bataille, provoquant des violences et des déplacements dans des endroits tels que Tombouctou, Gao et Kidal (ACLED Data, Global Focus).
Niger : En 2023, un coup d’État militaire a déposé le président Mohamed Bazoum. Le coup d’État a exacerbé les problèmes de sécurité, entraînant une augmentation des attaques par des groupes tels que IS Sahel, y compris dans des régions auparavant stables (ACLED Data, Chatham House).
Burkina Faso : Le pays est toujours confronté à l’insurrection islamiste et à l’instabilité politique. La région de Djibo continue de connaître des violences et des problèmes humanitaires en raison des blocus des militants et des offensives militaires (ACLED Data, Global Focus).
Statistiques et impact
Selon le HCR, l’instabilité politique et les conflits violents en Afrique de l’Ouest et du Centre devraient faire augmenter le nombre de personnes déplacées de force et d’apatrides de 9 % pour atteindre 13,6 millions en 2024, dont 8,4 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (Global Focus).
Les décès dus à la violence djihadiste au Nigeria, au Niger et au Burkina Faso devraient dépasser les niveaux de 2022, ce qui témoigne de l’escalade de ces conflits (Just Security).
Les conflits exacerbent les inégalités économiques, les régions du nord du Nigeria, du Bénin et du Togo étant confrontées à des taux de pauvreté plus élevés que leurs homologues du sud. L’inégalité crée de l’instabilité et des perceptions de marginalisation (Just Security).
Acteurs clés
- Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest sont souvent des acteurs importants dans les conflits de la région. Les régimes militaires, comme ceux du Mali, du Burkina Faso et du Niger, jouent un rôle important dans la définition des politiques de sécurité. Les gouvernements ont militarisé les stratégies de contre-insurrection, ce qui a entraîné une augmentation de la violence (données ACLED).
- Les groupes rebelles tels que les militants touaregs du Mali, Boko Haram et les affiliés de l’État islamique sont d’importantes entités non étatiques. Le soulèvement touareg, qui s’inscrit dans le cadre stratégique permanent (CSP), a été actif dans le nord du Mali, tandis que Boko Haram et ses affiliés opèrent dans tout le bassin du lac Tchad, affectant le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun (Brookings) (IISS).
- Les Nations unies et les agences régionales telles que l’Union africaine jouent un rôle essentiel dans le maintien de la paix et la résolution des conflits. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a eu une présence considérable jusqu’aux récentes réductions et réaffectations de ses tâches (données ACLED).
Causes sous-jacentes
- Les tensions ethniques jouent un rôle clé dans les confrontations politiques. Les plaintes de longue date contre l’autorité centrale ont alimenté le soulèvement touareg au Mali. Les milices ethniques au Burkina Faso se livrent à des conflits violents, exacerbant les tensions (données ACLED).
- Le contrôle des ressources naturelles, telles que les minéraux et le pétrole, est une autre source importante de conflit. Au Nigeria, des groupes tels que le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND) (Brookings) se sont engagés dans des opérations militantes pour contrôler les richesses pétrolières de la région.
- Les luttes de pouvoir et les différends entre les gouvernements et les factions rebelles sont fréquents. Le coup d’État militaire de juillet 2023 au Niger met en évidence l’impact de l’instabilité politique sur la violence et l’insurrection (données ACLED).
Statistiques clés
L’implication du groupe Wagner au Mali, où ses actions ont connu une escalade spectaculaire, en est un exemple. En 2023, leur engagement a été multiplié par trois par rapport à 2022, entraînant des déplacements massifs et des pertes civiles (données ACLED).
Les attaques du JNIM contre les milices ethniques au Burkina Faso ont doublé, faisant trois fois plus de victimes que l’année précédente (données ACLED).
La guerre au Mali a entraîné une augmentation de 116% des personnes déplacées dans le district de Kidal d’ici novembre 2023 (données ACLED).
Contexte historique des systèmes éducatifs
Historiquement, l’héritage colonial a eu un impact sur les systèmes éducatifs d’Afrique de l’Ouest, de nombreux pays ayant hérité des infrastructures éducatives des anciennes puissances coloniales. Au fil des ans, des efforts ont été faits pour localiser et améliorer ces systèmes afin de mieux répondre aux besoins régionaux. Toutefois, des problèmes persistants tels que l’insuffisance des moyens financiers, la pénurie d’enseignants et les déficiences des infrastructures ont ralenti la croissance.
Ces dernières années, les conflits politiques ont aggravé ces problèmes. Les conflits au Mali et au Burkina Faso ont entraîné la fermeture d’écoles et perturbé l’éducation de milliers d’enfants (UN News). Malgré ces difficultés, plusieurs pays ont réalisé des progrès significatifs. Le Ghana, par exemple, a mis en place des politiques visant à élargir l’accès à l’éducation, ce qui a permis d’augmenter les taux de scolarisation.
Statistiques clés
L’Afrique de l’Ouest a connu neuf coups d’État militaires depuis 2020, dont les récents au Gabon et au Niger, ce qui témoigne d’une instabilité politique permanente (Chatham House).
En 2024, l’Afrique de l’Ouest accueillera 25 % des élections africaines, ce qui souligne son importance dans les processus démocratiques du continent (ACCORD).
Les conflits au Mali et au Burkina Faso ont entraîné la fermeture de 3 000 écoles, affectant près de 700 000 enfants (UN News).
Impact des conflits politiques sur l’éducation en Afrique de l’Ouest.
Les conflits politiques en Afrique de l’Ouest ont provoqué d’énormes perturbations dans les systèmes éducatifs, affectant des millions d’enfants et de jeunes. En 2024, la région sera confrontée à des défis importants en raison de l’instabilité et de la violence persistantes. L’instabilité politique et les conflits militaires ont augmenté le nombre de personnes déplacées de force de 9 % pour atteindre 13,6 millions, dont 8,4 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays (Global Focus). Ces déplacements ont de graves conséquences sur l’éducation, car de nombreux enfants déplacés ne peuvent pas aller à l’école.
Les guerres prolongées au Sahel central, au Tchad et dans le bassin du lac Tchad ont entraîné la fermeture de plus de 10 000 écoles, laissant plus de 3 millions d’enfants sans accès à l’éducation (Source : Banque mondiale). La qualité de l’enseignement s’est également détériorée, en raison de la pénurie d’enseignants et du manque de ressources, aggravés par les conflits. Les attaques contre les écoles ont augmenté au Burkina Faso, au Mali et au Niger, provoquant la peur et entravant l’éducation (Global Focus).
Ces perturbations ont des effets à long terme sur le développement. Selon la recherche, les enfants vivant dans des zones touchées par des conflits ont moins de chances de terminer leur scolarité, ce qui limite leurs options économiques futures et prolonge les cycles de pauvreté et d’instabilité. Les programmes internationaux et régionaux s’efforcent d’améliorer l’accès à l’éducation et la qualité de l’enseignement dans les zones de conflit, mais des obstacles considérables subsistent en raison de l’instabilité persistante et de l’insuffisance des moyens financiers (Global focus).
Impact direct
- Destruction des infrastructures éducatives
Les conflits politiques en Afrique de l’Ouest ont causé des dommages considérables aux infrastructures éducatives. En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, environ 2 100 écoles dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont été contraintes de fermer entre janvier 2022 et mars 2023 en raison de l’instabilité et des attaques de groupes armés. Des groupes armés ont attaqué ou occupé près de 119 écoles, tandis que 300 ont été transformées en abris pour les personnes déplacées (UNICEF). Des cas similaires de destruction et de réaffectation d’écoles ont été signalés au Burkina Faso, au Mali et au Niger, entraînant d’importantes perturbations dans le domaine de l’éducation.
- Déplacement de population
Les conflits ont également entraîné de nombreux déplacements de population, ce qui a eu un impact considérable sur les élèves et les instructeurs. En Afrique occidentale et centrale, le nombre de personnes déplacées de force devrait augmenter de 9 % pour atteindre 13,6 millions en 2024, dont 8,4 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (Global Focus). Ces déplacements empêchent souvent les enfants d’aller à l’école, ce qui rend difficile la construction de centres d’apprentissage temporaires. Les conflits dans le nord-est du Nigeria ont déplacé de nombreux enfants, entravant leurs progrès en matière d’éducation (UNICEF).
- Perte de capital humain
La perte de capital humain est un autre effet grave de ces conflits. Des éducateurs ont été tués ou déplacés, ce qui a entraîné une pénurie d’enseignants qualifiés. Les combats en République démocratique du Congo ont tué et déplacé de nombreux instructeurs, aggravant la crise de l’éducation (UNICEF). En outre, les perturbations de la scolarité causées par les déplacements ont un impact sur les résultats et les perspectives scolaires des élèves. L’UNICEF signale que les enfants des zones de crise n’ont souvent pas accès à l’éducation formelle et aux examens, ce qui limite leur contribution future à la société et à l’économie.
Impact indirect
- Impact psychosocial sur les élèves et les enseignants
Les crises politiques en Afrique de l’Ouest ont un impact significatif sur les élèves et les enseignants. La violence, les déplacements et les pertes entraînent souvent des traumatismes et des problèmes de santé mentale. Les étudiants peuvent souffrir d’anxiété, de tristesse ou d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT), ce qui nuit à leur capacité de concentration et d’apprentissage. Les enseignants qui sont également victimes de conflits souffrent de problèmes de santé mentale similaires, qui affectent leur capacité à enseigner et leur assiduité.
Selon les statistiques, de nombreux jeunes vivant dans des zones de conflit comme le Nigeria et le Mali sont directement exposés à des incidents violents. Par exemple, dans le nord-est du Nigéria, l’insurrection de Boko Haram a déplacé plus de 2 millions de personnes, dont des enfants qui ont subi des traumatismes et un stress importants (UNICEF, 2019). Ces cicatrices psychologiques ont des conséquences cognitives et émotionnelles à long terme, limitant les progrès et les perspectives scolaires des enfants concernés (OCDE, 2020).
- Conséquences économiques
Les conséquences économiques des conflits politiques réduisent considérablement le financement de l’éducation. Les gouvernements des zones de conflit allouent souvent des ressources aux dépenses militaires et de sécurité, laissant l’éducation sous-financée. Cette pression financière est exacerbée par la destruction des infrastructures et la perte de production économique, qui plongent les familles dans la pauvreté et rendent la scolarisation coûteuse.
Les conséquences économiques sont graves : dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, où des conflits ont éclaté, les budgets de l’éducation ont été réduits alors que les dépenses militaires ont augmenté. Selon le HCR, plus de 8,4 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de l’Afrique occidentale et centrale en 2024 en raison des hostilités, ce qui a exacerbé la pauvreté et réduit les taux de fréquentation scolaire.
- Perturbations sociales et culturelles
Les conflits déstabilisent les fondements sociaux et culturels qui sous-tendent la scolarisation. La dislocation des communautés érode les réseaux de soutien traditionnels, tels que les familles élargies et les groupes communautaires, qui jouent un rôle essentiel dans l’éducation des enfants. En outre, la résistance culturelle à l’éducation peut s’aggraver dans les zones de crise, en particulier lorsque des groupes militants s’opposent à l’éducation formelle, comme l’a montré Boko Haram au Nigéria.
Au Mali, les groupes armés ont forcé la fermeture de près de 1 200 écoles, affectant près de 300 000 enfants (UNICEF, 2019). Cette perturbation a un impact non seulement sur les perspectives d’éducation actuelles, mais aussi sur la valeur culturelle à long terme accordée à l’éducation, car des générations grandissent sans éducation formelle.
Étude de cas
- L’insurrection de Boko Haram au Nigeria
L’insurrection de Boko Haram a eu un impact significatif sur l’éducation dans le nord-est du Nigéria, en particulier dans l’État de Borno. Depuis le début du conflit en 2009, environ 2 295 enseignants ont été tués et 19 000 ont été déplacés. En outre, plus de 1 400 écoles ont été endommagées, et plus de 57 % des établissements de l’État de Borno seront encore fermés en 2024. La violence a laissé environ 3 millions d’enfants non scolarisés ou recevant une éducation insuffisante, soulignant le besoin urgent d’un soutien à l’éducation (Human Rights Watch, UNICEF).
En réponse à la crise, l’UNICEF et ses partenaires ont scolarisé environ 750 000 enfants, mis en place plus de 350 espaces d’apprentissage temporaires et distribué près de 94 000 paquets de matériel scolaire. L’UNICEF travaille à la restauration des écoles endommagées et à la formation des enseignants afin de renforcer le système éducatif pour l’avenir.
- La guerre civile au Mali et ses répercussions
Les troubles civils au Mali, en particulier dans le nord, ont gravement affecté les services éducatifs. Les écoles ont été fermées, et les instructeurs et les étudiants ont été déplacés en raison du conflit entre les forces gouvernementales et les groupes d’insurgés. La violence a entraîné une baisse significative des taux de fréquentation scolaire, en particulier dans les zones rurales où l’insécurité est la plus forte.
Pour remédier à ces perturbations, des organisations internationales comme l’UNICEF et des organisations non gouvernementales (ONG) locales ont tenté d’offrir des programmes d’éducation alternatifs, tels que des centres d’apprentissage temporaires et un soutien psychosocial aux enfants touchés. Des efforts sont également en cours pour réhabiliter les infrastructures scolaires et réintégrer les enfants déplacés dans le système éducatif.
- Le rétablissement de l’éducation en Sierra Leone après la guerre civile
La guerre civile en Sierra Leone s’est achevée en 2002, laissant un héritage de retard scolaire. De nombreuses écoles ont été détruites, laissant le système éducatif gravement endommagé. La guerre a entraîné la mort d’enseignants et d’une génération de jeunes qui n’ont pas pu bénéficier d’une éducation de base.
La construction d’écoles, la formation de nouveaux instructeurs et le rétablissement de programmes éducatifs ont été les principaux objectifs des efforts de reconstruction d’après-guerre. Cependant, des obstacles persistent, notamment le manque d’argent, l’insuffisance des installations et la nécessité de former et d’aider en permanence les enseignants pour qu’ils puissent dispenser un enseignement de qualité.
- La région du Sahel
Les hostilités incessantes dans la région du Sahel, qui comprend le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger, ont provoqué d’importantes interruptions de l’enseignement. Ces affrontements ont entraîné la fermeture d’un grand nombre d’écoles, le déplacement d’étudiants et d’instructeurs et une détérioration générale de la qualité et de l’accès à l’éducation. Selon des statistiques récentes, environ 11 100 écoles ont été fermées dans le Sahel en raison de la guerre ou des menaces qui pèsent sur les enseignants et les élèves. Cette situation a directement affecté des centaines de milliers d’enfants, les privant de la possibilité de terminer leur éducation (UNICEF, WVI).
Au Burkina Faso, par exemple, la violence et l’instabilité permanentes ont contraint de nombreuses écoles à fermer, affectant l’éducation de dizaines de milliers d’élèves. Au Mali et au Niger, des organisations armées et des actions militaires ont détruit des établissements scolaires et déplacé des éducateurs et des élèves (données ACLED).
Réponses et interventions
Les organisations internationales, telles que l’UNICEF et l’UNESCO, tentent activement de réduire l’impact de ces conflits sur l’éducation au Sahel. Malgré la volatilité, ces organisations ont lancé plusieurs tentatives pour maintenir les programmes éducatifs. Par exemple, ils ont mis en place des espaces d’apprentissage temporaires, fourni des ressources éducatives et aidé les gouvernements locaux dans leurs efforts pour maintenir les écoles ouvertes. L’UNICEF a souligné la nécessité d’offrir d’autres possibilités d’éducation aux enfants dont les écoles ont été fermées, en insistant sur la nécessité de veiller à ce que ces enfants continuent à recevoir une éducation. L’UNICEF a créé des initiatives, comme le projet SafeSchools, pour promouvoir la sécurité dans les écoles et le droit des enfants à un environnement éducatif inclusif.