Les élections générales de décembre 2024 ont marqué une étape importante dans le parcours démocratique du Ghana. Les électeurs ont voté de manière décisive pour le retour au pouvoir de l’ancien président John Dramani Mahama et du Congrès démocratique national (NDC), mettant ainsi fin à huit années de gouvernance sous l’égide du Nouveau parti patriotique (NPP). Avec les promesses de Mahama d’un gouvernement allégé, d’une plus grande responsabilité et d’une revitalisation économique, les Ghanéens sont pleins d’espoir mais prudents, alors que le pays est confronté à d’immenses défis économiques et sociaux. Cet article examine si la présidence de Mahama est le signe d’une nouvelle aube pour le Ghana ou d’une poursuite de schémas politiques familiers.
Principales promesses de John Dramani Mahama
1. Un gouvernement allégé et efficace
L’engagement de Mahama de diriger un gouvernement ne comptant pas plus de 60 ministres et vice-ministres a trouvé un écho favorable auprès des Ghanéens, las des bureaucraties pléthoriques. Il a insisté sur le besoin d’efficacité en déclarant : « Je réunirai et ferai fonctionner le gouvernement le plus léger et le plus efficace de notre quatrième république » (Myjoyonline, 2024). Cette promesse reflète la frustration du public à l’égard des administrations précédentes, accusées de dépenses excessives et d’inefficacité. Les Ghanéens attendent de cette approche rationalisée qu’elle permette de réduire les dépenses publiques et de canaliser les ressources vers des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures.
2. Mesures de responsabilisation et de lutte contre la corruption
L’engagement de Mahama à enquêter sur les dépenses COVID-19 et à renforcer les institutions de lutte contre la corruption est l’une des pierres angulaires de sa campagne. Il a promis d’enquêter sur l’utilisation abusive des fonds publics, y compris sur les conclusions des rapports du vérificateur général, déclarant : » L’époque du tristement célèbre » agent de compensation » sera bel et bien révolue » (Ghanaweb, 2024). Cela correspond à la demande du public en matière de transparence et de responsabilité. Les Ghanéens attendent des actions concrètes, y compris des poursuites si nécessaire, pour restaurer la confiance dans les institutions publiques et démontrer que la corruption ne restera plus impunie.
3. Mise au rebut des paiements Ex-Gratia
Dans une démarche audacieuse, il a également annoncé son intention de supprimer les paiements à titre gracieux pour les titulaires de mandats au titre de l’article 71. Cette décision vise à répondre au mécontentement de l’opinion publique face à l’inégalité perçue des avantages accordés aux titulaires de fonctions politiques. « Le paiement à titre gracieux des membres de l’exécutif en vertu de l’article 71 sera supprimé », a-t-il affirmé lors du lancement de sa campagne (Myjoyonline, 2024). Les citoyens considèrent cette promesse comme une étape vers la réduction des avantages excessifs accordés aux politiciens et la réorientation des fonds vers l’amélioration des conditions de vie du Ghanéen moyen.
4. Rétablir la confiance dans le secteur financier
Le plan de Mahama pour relancer le secteur financier comprend des réformes à la Banque du Ghana et des politiques visant à renforcer la participation locale dans des secteurs clés tels que la banque, les télécommunications et l’agriculture. Il a souligné l’importance de la création d’emplois durables, en particulier pour la jeunesse ghanéenne, en déclarant : « Nous poursuivrons activement des politiques solides pour garantir une participation locale active » (Ghanaweb, 2024). De nombreux Ghanéens ayant du mal à accéder au crédit et à l’épargne à la suite de l’assainissement du secteur financier, les attentes sont grandes à l’égard d’une administration qui donne la priorité à l’inclusion et à la stabilité financières.
5. Achèvement des projets abandonnés
L’un des éléments clés de la campagne de Mahama était sa promesse de donner la priorité à l’achèvement des projets abandonnés lancés au cours de son précédent mandat. Selon lui, la nouvelle administration du NDC donnera la priorité à la poursuite et à l’achèvement des projets abandonnés et en cours, plutôt que de se précipiter pour en lancer de nouveaux. Les Ghanéens espèrent que cette approche permettra de minimiser le gaspillage et d’améliorer les services publics, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports.
Les attentes des Ghanéens à l’égard du gouvernement NDC
Le retour de Mahama a suscité des attentes parmi les Ghanéens de tous les secteurs. Nombreux sont ceux qui pensent que son administration doit s’attaquer à des problèmes clés pour gagner la confiance de la population.
Stabilité économique et création d’emplois
L’économie ghanéenne est en grande difficulté, avec une inflation élevée, une dépréciation du cedi et des niveaux croissants de dette publique. Les difficultés économiques ont considérablement érodé le pouvoir d’achat des citoyens, entraînant une frustration généralisée et des demandes de changement. Les Ghanéens attendent de la nouvelle administration qu’elle stabilise l’économie en mettant en œuvre des politiques monétaires saines, en améliorant la discipline budgétaire et en négociant de meilleures conditions pour les prêts internationaux. La création d’emplois durables, en particulier pour les jeunes, est également une priorité.
De nombreux Ghanéens espèrent voir des investissements dans l’agriculture, qui reste une pierre angulaire de l’économie, avec le potentiel de réduire l’insécurité alimentaire et de créer des emplois. En outre, les initiatives de numérisation et la promotion de l’industrie du tourisme sont considérées comme essentielles pour diversifier l’économie et attirer les investissements étrangers. Ces secteurs, s’ils sont correctement exploités, pourraient stimuler la croissance économique à long terme et sortir des millions de personnes de la pauvreté.
Amélioration des services publics
Des soins de santé à l’éducation, les citoyens réclament des améliorations significatives dans la prestation des services publics. Les Ghanéens se battent depuis longtemps contre l’inadéquation des installations de soins de santé, l’accès limité à une éducation de qualité et l’insuffisance des infrastructures. Nombreux sont ceux qui pensent que l’administration de Mahama donnera la priorité à l’achèvement des projets abandonnés, en particulier les hôpitaux, les écoles et les routes, lancés au cours de son précédent mandat. Cette approche pourrait améliorer l’accès aux services essentiels et réduire les disparités de développement entre les régions, en particulier dans les zones rurales mal desservies. Dans le domaine des soins de santé, les citoyens attendent une extension de la couverture de l’assurance maladie et la mise en place d’installations mieux équipées. Dans le domaine de l’éducation, les attentes portent sur la réduction de la surpopulation dans les écoles, l’amélioration de la formation des enseignants et la fourniture de meilleurs matériels pédagogiques. Les améliorations dans ces domaines permettront non seulement de répondre aux besoins immédiats, mais aussi de jeter les bases d’une société plus équitable.
Renforcer les institutions démocratiques
Les Ghanéens attendent du gouvernement NDC qu’il promeuve la bonne gouvernance en renforçant les institutions indépendantes telles que le système judiciaire, les organismes de lutte contre la corruption et la commission électorale. L’érosion de la confiance dans ces institutions est une préoccupation récurrente, de nombreux citoyens doutant de leur impartialité et de leur efficacité. Pour rétablir la confiance dans le processus démocratique, l’administration de Mahama doit veiller à ce que ces institutions disposent de ressources suffisantes et soient autorisées à fonctionner sans ingérence politique.
Le renforcement des mécanismes de contrôle et la promotion d’une culture de la responsabilité seront essentiels pour démontrer un engagement en faveur des principes démocratiques. Les Ghanéens espèrent également des réformes qui améliorent la transparence des nominations publiques, des procédures de passation de marchés et des décisions législatives, afin de garantir que la gouvernance serve les intérêts de la population plutôt que ceux des élites politiques.
Lutte contre la corruption
La corruption reste une préoccupation majeure pour les Ghanéens, beaucoup attribuant les difficultés économiques du pays à la mauvaise utilisation des fonds publics et au manque de responsabilité des administrations précédentes. La promesse de Mahama d’enquêter sur les dépenses du COVID-19 et de donner suite aux conclusions des rapports de l’auditeur général est considérée comme un test critique de son engagement à lutter contre la corruption. Les Ghanéens exigent des mesures rapides et décisives à l’encontre des personnes et des entités impliquées dans des malversations financières.
Au-delà des enquêtes, des réformes structurelles sont nécessaires pour prévenir la corruption, telles que l’amélioration de la transparence des contrats publics, l’application des lois anti-corruption et le renforcement de la protection des dénonciateurs. Les citoyens attendent également la création de systèmes de contrôle solides pour garantir que les fonds publics sont utilisés efficacement et aux fins prévues. Tenir ces promesses permettra non seulement de récupérer les ressources perdues, mais aussi de rétablir la confiance dans la gouvernance.
Réduction du coût de la vie
La hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des services publics pèse lourdement sur les ménages du pays. Les Ghanéens attendent des mesures immédiates pour alléger leur fardeau financier. Les politiques de soutien à la production agricole locale pourraient contribuer à réduire la dépendance à l’égard des importations coûteuses et à stabiliser les prix des denrées alimentaires. De même, les investissements dans les énergies renouvelables et le développement des infrastructures pourraient réduire les coûts énergétiques tout en favorisant une croissance durable. La capacité du gouvernement à négocier des accords commerciaux favorables et à gérer l’inflation jouera également un rôle important dans la réduction du coût global de la vie. Les citoyens recherchent des stratégies à long terme qui s’attaquent aux causes profondes des difficultés économiques, en veillant à ce que les mesures d’aide ne soient pas simplement des solutions temporaires, mais des solutions durables qui améliorent le niveau de vie de tous.
L’espoir d’une « nouvelle aube
Les Ghanéens placent beaucoup d’espoir dans la capacité de Mahama à renverser la vapeur et à conduire le pays vers un avenir plus radieux. Sa promesse de mettre l’accent sur la responsabilité, la revitalisation économique et le développement durable offre un cadre propice à de réels progrès. L’accent mis sur la réduction de la taille du gouvernement et l’amélioration de l’efficacité a été salué comme une réforme indispensable pour lutter contre les dépenses inutiles.
En outre, la promesse de restaurer la confiance dans le secteur financier ghanéen – y compris les réformes de la Banque du Ghana – pourrait revigorer les industries locales et créer des opportunités d’emploi durables. L’autonomisation des jeunes, notamment par le biais d’investissements dans l’agriculture, le tourisme et la numérisation, pourrait permettre de résoudre le problème urgent du chômage et d’endiguer la vague d’émigration des jeunes talents ghanéens.
L’importance qu’il accorde à l’achèvement des projets abandonnés trouve également un écho auprès des citoyens, qui ont souvent vu des ressources précieuses gaspillées dans des infrastructures inachevées. En tirant parti des projets existants, l’administration de Mahama pourrait améliorer les services publics et renforcer la confiance dans la gouvernance.
Toutefois, la réalisation de ces objectifs dépendra de la capacité de Mahama à unir son administration et à favoriser la collaboration au-delà des clivages politiques. Pour que ses promesses se concrétisent, il sera essentiel d’instaurer la confiance dans les institutions et de garantir l’inclusivité. L’espoir des Ghanéens pour une nouvelle aube ne réside pas seulement dans les déclarations politiques, mais dans une gouvernance transparente, cohérente et responsable qui donne la priorité aux besoins de la population plutôt qu’aux intérêts politiques. Si Mahama ne parvient pas à tenir ces promesses, les Ghanéens se retrouveront sur un « chemin familier » fait d’engagements non tenus et d’une désillusion encore plus grande.
Conclusion
Les élections de 2024 ont sans aucun doute inauguré une période de changement pour le Ghana, mais il reste à savoir s’il s’agit d’une nouvelle aube ou d’un chemin familier. Les promesses de Mahama correspondent aux aspirations de nombreux Ghanéens, mais leur réalisation dépendra de la capacité de son administration à surmonter les difficultés persistantes et à tenir ses engagements. Alors que la nation entame ce nouveau chapitre, nous espérons que ce gouvernement sera à la hauteur et remplira son mandat au bénéfice de tous les Ghanéens.
Références
Ghanaweb. (2024). Mahama promet la responsabilité et des réformes pour les élections de 2024 https://www.ghanaweb.com
Myjoyonline. (2024). Les promesses de campagne de John Mahama : Un gouvernement allégé, la lutte contre la corruption, et plus encore. Extrait de https://www.myjoyonline.com
Reuters. (2024). L’ancien président du Ghana, Mahama, remporte les élections. Extrait de https://www.reuters.com
AP News. (2024). L’ex-dirigeant du Ghana est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle. Extrait de https://www.apnews.com
Banque mondiale. (2023). Mise à jour économique du Ghana : Rétablir la stabilité et renforcer la résilience.
Transparency International. (2023). Indice de perception de la corruption 2023 : Ghana. Extrait de https://www.transparency.org