L’urbanisation est devenue l’une des tendances mondiales les plus marquantes du 21e siècle. Selon les Nations unies (2018), plus de la moitié de la population mondiale réside aujourd’hui dans des zones urbaines, et ce chiffre devrait atteindre 68 % d’ici à 2050. Si cette évolution offre d’importantes possibilités de croissance économique, d’innovation et de développement des infrastructures, elle s’accompagne également de défis complexes, notamment en termes d’inégalités sociales, de fragmentation spatiale et d’insécurité urbaine (Eyita-Okon, 2022 ; Khaliji & Jafarpour Ghalehteimouri, 2024 ; Sukanya & Tantia, 2023). Dans les pays du Sud, dont une grande partie de l’Afrique, l’urbanisation se fait à un rythme sans précédent, dépassant souvent la capacité des autorités municipales à fournir des logements, des services publics et une sécurité adéquats (Addi & Ayambire, 2022 ; Kookana et al., 2020). Contrairement aux transitions urbaines graduelles observées dans les pays du Nord, de nombreuses villes africaines se développent rapidement en termes de population et de superficie, mais sans amélioration proportionnelle de la planification et de la gouvernance (Curiel et al., 2017 ; Korah & Wimberly, 2024). Cette forme d’urbanisation rapide et souvent non réglementée a conduit à la prolifération d’établissements informels, à des déficits infrastructurels et à un affaiblissement du contrôle de l’État, créant ainsi un terrain fertile pour la criminalité urbaine (Wa Teresia, 2022).
Les projections suggèrent que la population urbaine de l’Afrique triplera d’ici 2050, avec des villes comme Lagos, Nairobi, Kinshasa et Accra émergeant en tant que méga centres urbains (Kamana et al., 2024). À mesure que les villes africaines deviennent plus encombrées et socialement stratifiées, les problèmes d’insécurité urbaine, notamment les vols, les agressions, les cambriolages et les vols à la tire, deviendront de plus en plus importants (Yahaya et al., 2025). Ces crimes ne perturbent pas seulement la vie sociale et la productivité économique, mais renforcent également la méfiance du public et limitent l’accès à l’espace public, en particulier pour les citadins pauvres.
Dans le cadre de cette discussion plus large, les crimes urbains, en particulier ceux classés comme des délits mineurs tels que le vol à la tire, ont reçu une attention relativement limitée de la part des universitaires. La plupart des recherches existantes sur la sécurité urbaine en Afrique se sont concentrées sur les crimes violents, les troubles politiques ou les brutalités policières, sans mettre l’accent sur les formes quotidiennes et non violentes de vol qui touchent des milliers de personnes, en particulier dans les centres de transport public et sur les marchés (voir Commins, 2011 ; Elfversson, 2025 ; Raleigh, 2015). Ces délits de faible gravité sont souvent normalisés, sous-déclarés et mal compris, malgré leur impact cumulatif sur les moyens de subsistance et la perception de la sécurité dans la ville.
Au Ghana, et plus précisément à Accra, le vol à la tire est devenu un problème omniprésent mais insuffisamment étudié, en particulier dans les espaces à forte densité et orientés vers les transports, comme le marché de Madina et la gare routière. Si les médias relatent parfois des incidents, les recherches universitaires systématiques sur les dynamiques spatiales, les tactiques et les implications sociales du vol à la tire restent rares. Il est nécessaire de documenter la manière dont le vol à la tire est vécu et interprété par ceux qui vivent et travaillent dans les zones affectées et de situer ces expériences dans le cadre de conversations plus larges sur l’urbanisation, l’informalité et la sécurité. Cette étude cherche à combler cette lacune en examinant le vol à la tire à Madina, une banlieue d’Accra en pleine expansion. En utilisant des méthodes qualitatives telles que les entretiens et l’observation participante, la recherche explore les pratiques quotidiennes des pickpockets, les stratégies de vigilance parmi les commerçants et les navetteurs, et les conditions socio-spatiales plus larges qui rendent de tels vols possibles.
2. Cadre analytique : La théorie de l’activité routinière (RAT)
Le vol à la tire, généralement défini comme le vol furtif d’objets à l’insu d’une personne, se développe dans les environnements urbains denses et mobiles, en particulier sur les marchés, dans les gares routières et dans d’autres espaces bondés (Schlicher & Lurkin, 2024). Dans des villes comme Accra, ces délits sont souvent ancrés dans des économies de rue informelles et façonnés par des configurations spatiales qui rendent la détection difficile. Pour analyser les modèles et les expériences de vol à la tire à Madina, cette étude a utilisé la théorie de l’activité routinière (Cohen & Felson, 1979) comme cadre analytique principal. La TAT postule que pour qu’un crime se produise, trois éléments doivent converger dans le temps et l’espace : (1) un délinquant motivé, (2) une cible appropriée et (3) l’absence d’un gardien capable.
Dans le contexte de Madina, les délinquants motivés sont souvent des jeunes chômeurs ou sous-employés qui opèrent à l’intérieur et autour des centres de transport et de commerce très fréquentés. Les cibles idéales sont les navetteurs peu méfiants, les clients du marché ou les commerçants transportant des objets de valeur tels que des téléphones portables, des portefeuilles et de l’argent liquide. L’absence de gardiennage est évidente dans le peu de présence visible de la sécurité, le manque d’infrastructure de surveillance et l’organisation spatiale chaotique du parc de camions et du marché.
La théorie de l’activité routinière permet d’expliquer comment le vol à la tire n’est pas nécessairement ancré dans la psychologie du délinquant, mais plutôt dans la structure des routines et des espaces urbains quotidiens. Les gares routières et les marchés bondés offrent l’anonymat, la densité et la distraction nécessaires au développement de ce type de délits. En outre, ce cadre permet de comprendre comment les gens ordinaires adoptent des stratégies de protection pour compenser l’absence de tutelle formelle. Il attire également l’attention sur la manière dont la prévention de la criminalité est intégrée dans l’aménagement urbain, les modèles de mobilité et la surveillance sociale informelle. En appliquant la théorie de l’activité routinière aux expériences de vol à la tire à Madina, cette étude situe le vol non seulement comme un acte de mauvaise conduite individuelle, mais aussi comme le reflet de vulnérabilités urbaines plus larges et de lacunes systémiques en matière de sécurité publique et de gouvernance.
3. Zone d’étude et méthodologie
3.1 La morphologie urbaine et le cas de Madina
Historiquement, de nombreuses villes de l’Afrique postcoloniale étaient structurées selon le modèle de la zone concentrique développé par Ernest Burgess, qui concevait la croissance urbaine comme une expansion vers l’extérieur en une série d’anneaux concentriques à partir d’un quartier d’affaires central (CBD) (Chandoke, 1991). Dans le cas d’Accra, la ville coloniale s’est développée autour de Makola et de ses environs immédiats, qui ont servi de cœur administratif et commercial de la ville. Ce modèle a influencé la logique spatiale du développement d’Accra au début de la période post-indépendance, avec des activités économiques et d’infrastructure rayonnant à partir d’un noyau urbain singulier. Cependant, l’urbanisation rapide, la croissance démographique et l’étalement spatial ont depuis lors restructuré cette forme urbaine centralisée. Le modèle concentrique autrefois dominant a cédé la place à des morphologies urbaines plus polycentriques, mieux décrites par le modèle des noyaux multiples proposé par Harris & Ullman (1945). Ce modèle postule que les villes ne se développent pas uniquement à partir d’un noyau central, mais plutôt à partir de multiples nœuds ou noyaux, chacun remplissant des fonctions différentes telles que le commerce, le transport, la résidence ou l’industrie.
Dans l’Accra d’aujourd’hui, Madina illustre l’un de ces noyaux émergents. Située à la périphérie de la capitale, Madina est passée d’une agglomération périphérique à un centre commercial et de transport majeur, servant de point de connexion vital pour les communautés environnantes, notamment Teiman, Oyarifa, Adenta et certaines parties de la région de l’Est. La zone abrite l’une des gares routières les plus actives de la métropole, avec des véhicules partant vers presque toutes les parties de la ville et s’étendant même au-delà de ses limites. Cette centralité de la logistique des transports et du commerce a fait de Madina un nœud de plus en plus important dans le système urbain d’Accra.
Pourtant, malgré son dynamisme économique, Madina est également marquée par des vulnérabilités en matière de sécurité, en particulier autour de la gare routière et du marché. Ces zones denses et très fréquentées, où se croisent mobilité, commerce et activités informelles, sont devenues des hauts lieux de la petite délinquance, comme le vol à la tire, et constituent une menace quotidienne pour les commerçants, les navetteurs et les passants. Le choix de Madina comme étude de cas s’explique donc par son importance urbaine stratégique et ses dynamiques spatiales et sociales complexes, qui en font un terrain fertile pour comprendre les intersections entre les économies informelles, l’espace urbain et la sécurité.
3.2 Méthodes et approches
Cette étude a adopté un modèle de recherche qualitative, s’appuyant sur l’observation des participants et des entretiens semi-structurés pour explorer le phénomène du vol à la tire à Madina. Cette approche a été choisie pour permettre une compréhension approfondie des expériences, des perceptions et des stratégies des acteurs quotidiens dans les espaces publics où ces incidents se produisent.
Les données ont été collectées par le biais d’entretiens avec dix (10) commerçants travaillant dans et autour de la gare routière et du marché de Madina. Ces personnes ont été choisies à dessein en raison de leur présence constante et à long terme dans la zone, ce qui leur a permis d’observer les tactiques, les routines et les identités des pickpockets présumés au fil du temps. Les entretiens ont été menés en juin 2025 et ont porté sur des thèmes tels que les tactiques courantes utilisées par les pickpockets, les profils des victimes, les lieux et les moments spécifiques perçus comme dangereux, les expériences personnelles ou observées des commerçants en matière de vol, et les stratégies utilisées pour prévenir ou signaler les incidents.
Outre les entretiens, l’analyste de la CISA a également procédé à une observation participante, passant plusieurs jours dans le parc à camions et sur le marché pour observer les schémas spatiaux, le trafic piétonnier et les interactions entre les piétons, les commerçants et les délinquants présumés. L’engagement sur le terrain était à la fois analytique et personnel ; l’analyste a échappé de peu à un vol à la tire lors d’une visite antérieure dans la région. Cette expérience a rendu le chercheur plus attentif à la manière dont la vulnérabilité et la vigilance se manifestent dans ces espaces.
Tous les entretiens ont fait l’objet d’un enregistrement audio, d’une transcription mot à mot et d’une analyse thématique. Cette méthode consiste à coder les données afin d’identifier les schémas et les catégories récurrents, qui ont ensuite été interprétés en fonction de l’objectif général de la recherche et du cadre théorique. L’analyse a été guidée par la théorie de l’activité routinière, qui met l’accent sur les conditions spatiales et temporelles dans lesquelles les crimes se produisent. Les thèmes qui ont émergé comprennent les tactiques des délinquants, le comportement des victimes, la vulnérabilité spatiale et les réponses de la communauté. Les considérations éthiques ont été soigneusement respectées. Le consentement verbal de tous les participants a été obtenu, l’anonymat a été garanti et les données des entretiens ont été traitées de manière confidentielle.
4. Résultats et discussions
L’analyse thématique des entretiens avec les commerçants de Madina a révélé plusieurs schémas récurrents et un aperçu de la dynamique du vol à la tire dans ce nœud urbain en pleine expansion. Trois thèmes principaux ont émergé des données : (1) Tactiques et méthodes des pickpockets, (2) Profils des victimes et vulnérabilités, et (3) Perceptions de l’insécurité urbaine et stratégies de résistance. Chaque thème est examiné ci-dessous à la lumière de la théorie de l’activité routinière, qui met en évidence la convergence de délinquants motivés, de cibles appropriées et de l’absence de tutelle compétente dans la production de la criminalité urbaine.
4.1 Tactiques et méthodes des pickpockets
Les participants ont systématiquement décrit les pickpockets de Madina comme des personnes très stratégiques, calculatrices et souvent discrètes. Leurs tactiques reposent sur la furtivité, la distraction et la proximité physique, en particulier dans des lieux très fréquentés comme la gare routière et le marché. Une commerçante qui vend sur le marché depuis plus de dix ans a déclaré :
Ces pickpockets sont malins. Ils ont volé un de mes clients. Ils sont très rapides. Ils vous percutent intentionnellement et vous volent sans que vous vous en rendiez compte avant d’être rentré chez vous. (Commerçant 1, juin 2025)
L’utilisation de contacts physiques délibérés, comme le fait de heurter les victimes ou de les frôler, sert à détourner l’attention et à créer des occasions de vol. Cela correspond à la théorie de l’activité routinière : les délinquants motivés exploitent les moments de distraction routinière, en particulier lorsque les victimes sont préoccupées par le voyage, l’achat de marchandises ou la navigation dans des terminaux bondés. En outre, certains délinquants se camouflent socialement en se fondant dans leur environnement. Ils se font passer pour des clients, agissent comme des passants ou s’habillent de manière respectable pour ne pas éveiller les soupçons. Ce point de vue a été exprimé par un vendeur de tomates de 52 ans :
Il ne s’agit pas seulement des jeunes hommes sales que vous voyez, certains ont l’air responsable. Certains sont même des femmes. Ils font semblant d’acheter quelque chose à la personne à qui vous achetez, s’approchent de vous et vous volent. (Trader 5, juin 2025)
Ces représentations de la normalité rendent la détection difficile, car les gardiens (tels que les commerçants ou les passants) ne peuvent pas facilement distinguer un délinquant potentiel d’un client légitime.
4.2 Profils des victimes et vulnérabilité spatiale
Les entretiens ont révélé que les pickpockets ne limitent pas leurs activités aux navetteurs de passage ; même les acteurs stationnaires, comme les marchands, sont vulnérables. Un vendeur de tissus d’occasion de 34 ans a souligné que : « Ils ne volent pas les passants, ils nous volent aussi. J’en ai été victime une fois ; ils m’ont volé toutes mes ventes de la journée. J’ai lutté pour payer ceux qui me devaient de l’argent. « (Trader 8, juin 2025)
Les victimes sont souvent des personnes portant des sacs, en particulier des sacs à dos ou des sacs à main qui sont portés derrière ou sur le côté. Un commerçant a déclaré : » Un jour, j’ai vu quelqu’un ouvrir le sac à dos de quelqu’un. Les sacs à dos sont faciles à ouvrir sans qu’on s’en aperçoive. J’ai dû crier « au voleur, au voleur ! » et il s’est enfui. Ces configurations en font des cibles idéales, en particulier lorsque les sacs ne sont pas fermés ou sont mal attachés. La conception spatiale de Madina, avec ses allées encombrées, ses espaces de vente non réglementés et sa forte densité de piétons, aggrave les risques. L’absence de systèmes de surveillance formels tels que la télévision en circuit fermé ou la présence visible de la police reflète le manque de gardiennage compétent identifié par la théorie de l’activité routinière.
4.3 Perception de l’insécurité et stratégies de résistance
L’exposition répétée au vol et la visibilité des comportements suspects ont développé un sens collectif de la prudence parmi les commerçants et les utilisateurs fréquents de l’espace. Un commerçant a déclaré » Les gens doivent être prudents à Madina. Madina n’est pas du tout sûre. Vous devez bien tenir vos biens. Si vous vous égarez, vous perdrez tout . »(Trader 3, juin 2025). Un autre a ajouté que :
Nous devons tous être vigilants. Ils n’ont pas de pitié. Vous devez placer vos affaires dans un endroit qu’ils auront du mal à atteindre, et vous devez être attentif et observateur. Si vous voyez quelqu’un s’approcher trop près de vous, vous devez faire preuve de sagesse. (Trader 9, juin 2025)
Ces observations suggèrent que les connaissances locales et la vigilance sont devenues des substituts informels aux mécanismes de protection formels. Les commerçants jouent souvent le rôle de gardiens en avertissant les clients ou en criant pour alerter les autres, comme dans le cas du commerçant 2. Cependant, ce système de surveillance informel n’est pas toujours fiable ou durable. La normalisation de l’insécurité et la menace constante du vol ont des implications sur la confiance urbaine, l’activité économique et le comportement spatial. Certains commerçants ont décrit des sentiments de frustration, d’impuissance et de peur. La récurrence des incidents de vol, même en présence de commerçants de longue date, met en évidence des défaillances systémiques de gouvernance et de planification dans la gestion des espaces commerciaux publics.
5. Recommandation et conclusion
Sur la base des résultats de cette étude, il est évident que le vol à la tire à Madina n’est pas simplement le produit d’une déviance individuelle, mais plutôt le reflet d’une gouvernance urbaine plus large, d’une planification et de déficits en matière de sécurité. Les recommandations suivantes sont formulées pour améliorer la sécurité et réduire les incidences des vols à Madina et dans les espaces urbains similaires :
- Les campagnes d’éducation publique menées par les radios locales, les publicités télévisées, les affiches dans les gares routières et les annonces communautaires devraient sensibiliser les navetteurs et les commerçants aux tactiques courantes des voleurs à la tire. L’accent devrait être mis sur la sécurité des sacs, en conseillant par exemple de porter les sacs à dos devant lorsqu’on se trouve dans des zones bondées, de fermer les sacs à l’aide d’une fermeture éclair, d’éviter d’exposer ouvertement des objets de valeur et de ne pas utiliser de téléphone en marchant dans les terminaux bondés.
- La disposition physique du parc à camions et du marché de Madina contribue à la vulnérabilité. Des changements simples au niveau des infrastructures, tels que la création de voies piétonnes claires, la réduction des embouteillages et l’amélioration de l’éclairage, peuvent empêcher les pickpockets de passer inaperçus. Les autorités urbaines devraient collaborer avec les vendeurs locaux pour décongestionner certains points chauds et améliorer la circulation des piétons.
- Le déploiement d’un personnel de sécurité visible, même par roulement pendant les heures de pointe, peut avoir un effet dissuasif. En outre, l’installation de caméras de télévision en circuit fermé dans des endroits stratégiques du terminal routier et du marché pourrait permettre d’identifier les récidivistes et de renforcer la responsabilisation.
- Plusieurs participants ont laissé entendre qu’une grande partie des pickpockets sont des jeunes chômeurs. Si les interventions en matière de sécurité sont nécessaires, les solutions à long terme doivent s’attaquer à la marginalisation économique et au manque d’opportunités pour la jeunesse urbaine. Des programmes gouvernementaux axés sur le développement des compétences, l’apprentissage ou l’esprit d’entreprise dans des zones comme Madina pourraient contribuer à détourner les jeunes vulnérables de la petite délinquance.
En conclusion, cette étude a examiné le phénomène du vol à la tire à Madina, un noyau urbain clé de la région métropolitaine du Grand Accra, en utilisant des entretiens qualitatifs et une analyse thématique fondée sur la théorie de l’activité routinière. Les résultats montrent que le vol à la tire est à la fois répandu et sophistiqué, favorisé par les espaces bondés, le manque de surveillance et le comportement peu méfiant des piétons. Souvent considéré comme un vol mineur, le vol à la tire érode la confiance du public, affecte les moyens de subsistance et sape la sécurité urbaine. Les témoignages des commerçants révèlent les conséquences émotionnelles et économiques de ces crimes et soulignent la résilience et la vigilance nécessaires pour naviguer dans ces environnements à haut risque. En considérant Madina non seulement comme une plaque tournante des transports, mais aussi comme un centre urbain dynamique marqué à la fois par les opportunités et la précarité, cette étude met en lumière des défis plus larges en matière de sécurité urbaine dans les villes africaines postcoloniales en pleine transformation. Les recherches futures pourraient explorer la manière dont les pratiques de surveillance informelle évoluent en réponse à la criminalité, et comment la planification urbaine peut être rendue plus sensible aux vulnérabilités quotidiennes. En fin de compte, la sécurité des villes n’est pas seulement une question de maintien de l’ordre, mais aussi de planification inclusive, d’engagement communautaire et d’investissement social, en particulier dans des nœuds négligés mais importants comme Madina.
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