Introduction
Le 16 juin 2025, Fitch a relevé la note de crédit souveraine du Ghana à B-, signalant un changement significatif de la position de « défaut restreint » à une position de non-défaut avec des perspectives stables (reuters.com). Fitch a souligné deux facteurs importants dans sa décision : premièrement, la réconciliation des relations avec les créanciers commerciaux et deuxièmement, l’achèvement d’une restructuration rigoureuse de la dette, notamment l’échange d’euro-obligations pour un montant de 13,1 milliards USD en octobre 2024 (nairametrics.com). Associée à une précédente amélioration de S&P en mai, l’amélioration de la notation du Ghana est le signe d’un rétablissement plus large de la crédibilité fiscale (thebftonline.com).
Cette amélioration n’est pas seulement symbolique. La croissance du PIB réel du Ghana a rebondi à 5,7 % en 2024 (contre 2,9 % en 2023), avec une prévision de ~4 % en 2025, soulignant une profonde reprise économique (leadership.ng). Parallèlement, l’appréciation phénoménale de 42 % du cedi par rapport au dollar depuis janvier, désormais soutenue par une gestion monétaire disciplinée (augmentation des réserves à ~10,6 milliards de dollars américains et baisse de l’inflation à ~13,7 % en juillet), favorise une plus grande stabilité macroéconomique (nairametrics.com). Les vents contraires en matière de financement sont déjà apparents. Fitch prévoit que le ratio dette publique/PIB du Ghana diminuera de 77 % en 2023 à environ 68 % en 2026, grâce à la consolidation fiscale et à la croissance, ce qui réduira le fardeau du service de la dette et libérera des ressources substantielles pour le développement et la sécurité (ourhomelandghana.com).
D’un point de vue scientifique, la recherche indique que les notations de crédit exercent un impact réel sur la capacité d’endettement et la structure du capital des États : passer d’une notation inférieure à la catégorie d’investissement (B/B-) à une notation supérieure tend à accroître la capacité d’emprunt d’environ 7 à 9 points de pourcentage, tout en réduisant les coûts et en renforçant la confiance institutionnelle, en particulier pour les pays qui progressent dans les catégories spéculatives (Wasserbacher & Spindler, 2024). Cette transformation au Ghana améliore non seulement sa capacité à financer des infrastructures à grande échelle et la planification des ressources, mais soutient également la stabilité fiscale nécessaire à une sécurité nationale solide.
Simplement, la note B du Ghana n’est pas seulement une révision technique de la notation ; elle signifie un changement vers un cycle vertueux, où la baisse des coûts d’emprunt et la confiance des investisseurs soutiennent le développement des infrastructures, la gouvernance économique et un meilleur financement de l’application de la loi, de la cyberdéfense, de la sécurité et des initiatives de stabilité sociale.
Que signifie la note B- ?
Fitch, une importante agence mondiale de notation de crédit sur les marchés financiers qui fournit des notations de crédit, des recherches et des analyses de données aux investisseurs et aux autres acteurs du marché, a placé le Ghana dans la catégorie « spéculative », qui n’est qu’un niveau au-dessus de la défaillance et indique un risque de défaillance considérable avec peu de marge d’erreur (fitchratings.com). Citant de solides indicateurs macroéconomiques tels que la baisse des ratios d’endettement, la croissance du PIB nominal et l’amélioration de la capacité de paiement de la dette en monnaie locale, Fitch a relevé la note du Ghana à B-. Cela signifie que
1. Les rehaussements de crédit souverain, même dans les catégories spéculatives, peuvent faire baisser les coûts d’emprunt et réduire les primes de risque (Chang et al., 2023). Par exemple, le passage de B à BB réduit généralement les écarts de rendement des obligations de 100 points de base, ce qui indique une amélioration de la confiance des investisseurs (Anastasatou et al., 2023).
2. Le Ghana, dont la note est de B-, bénéficiera d’une marge de manœuvre budgétaire importante en libérant des ressources pour les fonctions de développement et de gouvernance. Un exemple est le scénario de la Grèce après le relèvement de la note, qui se traduit par une réduction des écarts et favorise la stabilisation économique (Anastasatou et al., 2023).
3. Elle réduira les asymétries d’information et facilitera l’entrée sur les marchés obligataires mondiaux. Selon Luitel & Vanpée (2018), l’obtention d’une notation souveraine entraîne généralement une augmentation de 3 % du PIB et stimule les investissements de portefeuille de 1 à 2 % du PIB, ce qui constitue des signes d’attractivité accrue.
4. Ainsi, les prêts aux ménages et aux entreprises en bénéficient souvent, car les banques font face à des coûts de financement plus faibles, réduisent leur dépendance à l’égard de la dette publique et développent les prêts aux secteurs productifs privés (Anastasatou et al., 2023).
Le dividende de la sécurité
Une meilleure cote de crédit accroît directement la marge de manœuvre budgétaire du Ghana. Les coûts du service de la dette diminuant, les ressources libérées peuvent être réaffectées au maintien de l’ordre, aux systèmes de défense numérique et aux interventions d’urgence. Les études le confirment : les améliorations de la notation souveraine augmentent les dépenses publiques en matière de sécurité publique de 0,3 à 0,5 % du PIB, en particulier dans les économies émergentes qui sortent du risque de défaillance (Meyer & Mothibi, 2021).
En outre, la baisse des coûts d’emprunt permet au Ghana d’augmenter les budgets de sécurité publique sans compromettre la stabilité macroéconomique. Les données du FMI montrent qu’une meilleure gestion budgétaire
soutient l’amélioration du financement à condition que la stabilité soit maintenue (Daniel, 2006). Avec une capacité budgétaire supplémentaire, le Ghana pourrait augmenter le personnel, les programmes de formation et la préparation opérationnelle de la police, des unités paramilitaires et des agences de contrôle des frontières.
Le Ghana a fait des progrès significatifs en matière de défense numérique grâce aux lois sur la cybercriminalité adoptées entre 2008 et 2012, au Centre national de cybersécurité et à la loi sur la cybersécurité adoptée en 2020 (ministère de la communication et de la numérisation ; rapport NCSAM 2021). Grâce à l’amélioration de sa cote de crédit, le gouvernement peut investir dans le renforcement de l’infrastructure numérique, la lutte contre les cybermenaces et la protection des infrastructures critiques.
La note B- du Ghana peut aider à financer la planification intégrée de la sécurité pour les projets d’infrastructure à grande échelle, tels que les barrages, les sites miniers et les réseaux électriques, qui sont souvent confrontés à des risques de sécurité tels que l’exploitation minière illégale, les conflits fonciers et le sabotage (aninver.com).
En théorie et en pratique, la stabilité économique se traduit par une paix sociale, car l’agitation sociale diminue lorsque l’économie est stable. Les hausses de notation ont tendance à stabiliser la monnaie et à minimiser l’inflation, ce qui atténue les souffrances et réduit les vagues de criminalité ou de protestation. Le retour à la croissance du Ghana devrait se traduire par un climat d’investissement plus sûr et une réduction des plaintes économiques (Chang et al., 2023).
Relier la gouvernance, la transparence et la stabilité économique
Le relèvement de la note du Ghana à B est le résultat d’importantes réformes institutionnelles, notamment le renforcement des lois anti-corruption, des systèmes avancés de déclaration d’actifs et des marchés publics électroniques depuis 2019 (Rapport du FMI, 2024). Ces réformes s’alignent sur l’accent mis par Fitch sur la normalisation des relations avec les créanciers et l’amélioration de la transparence budgétaire, comme l’indique le FMI.
La transparence est essentielle au maintien de la crédibilité institutionnelle et à la stabilité des notations. Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et la CEA-ONU ont soutenu un atelier à Accra pour clarifier les méthodes d’évaluation du crédit souverain (aprm.au.int). Des recherches menées dans 117 pays montrent que des indices de gouvernance solides permettent de prévoir des niveaux élevés de transparence de l’information, ce qui peut améliorer les notations (Khosrowjerdi, 2022).
Le Ghana a amélioré l’efficacité des services et la qualité de la réglementation grâce à la numérisation des services publics, en particulier dans le cadre du programme de réforme du secteur public 2018-2019 (Rapport du FMI, 2024). Malgré des résultats supérieurs à la moyenne de l’Afrique subsaharienne en matière d’efficacité du gouvernement et d’État de droit, des défis subsistent en matière de sous-financement et d’application incohérente de la loi (Rapport du FMI, 2024).
Une gouvernance et une transparence solides sont essentielles pour que le Ghana obtienne la note B, pour réduire l’incertitude politique et minimiser les risques institutionnels, et pour attirer davantage d’investissements directs étrangers, comme le souligne l’étude soutenue par le PNUD (aninver.com, reuters.com). Dans le cas du Ghana, une politique cohérente, une discipline budgétaire soutenue et une confiance institutionnelle croissante créent un environnement plus stable qui non seulement soutient la croissance économique, mais renforce également la sécurité dans les domaines physique, économique et numérique.
Conclusion
La récente notation B du Ghana par Fitch témoigne des progrès significatifs réalisés en matière de stabilité économique, de réforme institutionnelle et de gestion des finances publiques. Cette note renforce la confiance des investisseurs, ce qui permet des financements plus abordables et des investissements essentiels dans les infrastructures, la sécurité et les services sociaux. Elle sert également de référence pour la gestion de la dette, la discipline politique et la transparence du Ghana.
Toutefois, le maintien et l’amélioration de cette note nécessiteront une attention soutenue. Le Ghana doit s’appuyer sur les progrès récents en appliquant les règles budgétaires, en finançant les institutions clés et en améliorant la transparence et la responsabilité. Si elle est gérée avec succès, la note B- pourrait servir de tremplin vers une plus grande résilience économique, une plus grande stabilité sociale et un développement inclusif.
Source : Analyste CISA
Références
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Aro-Lambo, B. Fitch Upgrades UBA. leadership.ng. 25 juin 2025. https://leadership.ng/fitch-upgrades-ubas-ghana-arm-to-b-stable-outlook/
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