Introduction
En 2025, l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une confluence de risques de santé publique qui mettent en évidence la vulnérabilité permanente de la région aux épidémies de maladies infectieuses et le besoin urgent d’une préparation accrue. Alors que les acteurs régionaux réagissent à l’épidémie d’Ebola déclarée en République démocratique du Congo au début du mois de septembre, des épidémies nouvelles et récurrentes se produisent, telles que les récentes épidémies de choléra, la résurgence des inquiétudes liées à la fièvre de Lassa et l’activité persistante de la variole (apnews.com , Conférence internationale sur la fièvre de Lassa, 2025 , who.int). Ces incidents montrent comment des systèmes de santé médiocres, des frontières poreuses et des capacités de surveillance et de réaction inégales peuvent faire en sorte que des maladies locales se propagent rapidement à l’échelle régionale.
Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest et les partenaires mondiaux ont renforcé leur coordination concernant la fièvre de Lassa. Afin d’améliorer la préparation aux vaccins et aux épidémies transfrontalières, les décideurs politiques et les professionnels de la santé se sont réunis lors de la deuxième conférence internationale de la CEDEAO sur la fièvre de Lassa en septembre 2025 à Abidjan (lassafeverinternationalconference.org). Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts visant à améliorer la surveillance, la réaction rapide et la constitution de stocks de contre-mesures médicales.
Des défis majeurs en matière de santé persistent malgré un certain nombre d’efforts de mobilisation, notamment un financement national limité, des lacunes dans la surveillance, l’instabilité politique et la désinformation qui affecte la vaccination et la santé publique. Les récents cas de choléra près d’Abidjan et le groupe de cas d’Ebola en République démocratique du Congo soulignent la nécessité d’être vigilant en raison de la transmission transfrontalière (apnews.com , reuters.com).
Le tableau épidémiologique (quelles maladies sont actives et où), l’état de préparation (coordination régionale), les principaux obstacles (financement de la santé, insécurité et désinformation) et les priorités de la communauté internationale et des acteurs régionaux pour réduire les risques sont tous examinés dans cet article. L’objectif est simple : démontrer que l’investissement dans la santé régionale est une priorité stratégique nécessaire à la sécurité sanitaire mondiale.
Menaces actuelles pour la santé
- Choléra
Des épidémies de choléra se produisent dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale depuis le milieu de l’année 2025. En Côte d’Ivoire (région de Vridi Akobrate), des cas notables ont entraîné sept décès et environ 45 cas confirmés (africanews.com , apnews.com). Le Togo, le Niger, le Liberia et le Bénin sont sous surveillance, tandis que le Ghana a signalé des centaines de cas (un.org). Selon l’UNICEF, environ 80 000 enfants dans 12 pays sont exposés à un risque élevé, en particulier pendant la saison des pluies, lorsque les conditions augmentent en raison des inondations, des déplacements et des dommages causés aux infrastructures d’approvisionnement en eau (unicef.org). Les mauvaises conditions sanitaires, l’eau potable contaminée, le changement climatique, les déplacements provoqués par les conflits et le manque de vaccins sont quelques-uns des facteurs qui contribuent à cette situation (apnews.com , unicef.org).
- Fièvre de Lassa
Entre janvier et septembre 2025, le Nigeria a signalé environ 8 700 cas suspects de fièvre de Lassa, dont 849 cas confirmés et 162 décès (afro.who.int). Le Liberia a enregistré 22 cas confirmés et 6 décès, la Sierra Leone 9 cas confirmés et 5 décès, et la Guinée 2 cas confirmés, tous deux mortels (myjoyonline.com). Au total, environ 7 343 cas suspects ont été recensés dans ces pays. La recherche se concentre sur la co-infection de la fièvre de Lassa avec le paludisme et comprend le programme ENABLE 1.5 qui examine l’incidence et les effets à long terme tels que la perte d’audition (vanguardngr.com). L’initiative UNVEIL, lancée en août 2025, vise à accélérer le développement d’un vaccin contre la fièvre de Lassa, avec le soutien d’organisations telles que CEPI et Wellcome, en particulier pour le laboratoire de Galveston de l’Université du Texas Medical Branch (myjoyonline.com).
- Variole du singe (Mpox)
Dans 24 pays membres de l’Union africaine, environ 97 144 cas suspects de variole et 29 849 cas confirmés ont été recensés entre janvier et la mi-août 2025, entraînant 593 décès. Au cours des six dernières semaines, le nombre de cas confirmés a diminué de 34,5 %, mais de nouvelles flambées épidémiques se produisent encore dans des pays comme le Ghana, le Cameroun et la Gambie (vanguardngr.com). Les enfants et les personnes dont le système immunitaire est affaibli font partie des groupes vulnérables à risque, et les systèmes de santé de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest restent confrontés à des difficultés, notamment en ce qui concerne le diagnostic, l’isolement et le traitement (afro.who.int).
Efforts de préparation et de coordination au niveau régional
Pour commencer, les institutions ouest-africaines ont donné la priorité à la fièvre de Lassa et à la préparation aux épidémies, comme en témoigne la deuxième conférence internationale de la CEDEAO sur la fièvre de Lassa, qui s’est tenue en septembre 2025 à Abidjan. Cet événement a rassemblé des décideurs politiques, des scientifiques et des partenaires afin de synchroniser les efforts sur la préparation des vaccins et les diagnostics. Une table ronde ministérielle a débouché sur un communiqué appelant à une stratégie régionale en matière de vaccins et à un alignement réglementaire, ce qui représente une transition vers des engagements ministériels formels dans la région (lfic2025.org, lassafeverinternationalconference.org).
L’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS)/ECOWAS dirige la coordination régionale pour la préparation de la santé publique, tandis que l’Africa CDC offre des conseils techniques et mobilise des ressources. Récemment désigné par les dirigeants de l’UA, Africa CDC améliore la collecte de fonds et coordonne les réponses au choléra et à d’autres épidémies, en mettant l’accent sur la collaboration régionale. Ces institutions facilitent l’approvisionnement collectif, les protocoles unifiés et les simulations multi-pays, essentielles pour gérer les épidémies transfrontalières (africacdc.org , wahooas.org).
La table ronde ministérielle d’Abidjan s’est concentrée sur la préparation du vaccin contre la fièvre de Lassa en donnant la priorité à l’alignement réglementaire, à la création de plans de déploiement nationaux et à la mise en place de mécanismes de financement commun. Les partenaires mondiaux soutiennent des essais et une fabrication accélérés adaptés aux besoins de l’Afrique de l’Ouest, notamment la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) et l’Initiative internationale pour un vaccin contre le sida (IAVI). Cette approche régionale souligne l’importance de la planification de la préparation pour garantir une distribution rapide et équitable des vaccins lorsqu’un produit est disponible, même si les vaccins homologués ne sont pas disponibles avant des mois ou des années (cepi.net, lassafeverinternationalconference.org).
Le Sénégal et les projets soutenus par le Fonds mondial illustrent la manière dont les pays améliorent leurs capacités de détection en temps réel grâce à des systèmes intégrés de surveillance et de réponse aux maladies (IDSR) (exemplars.health). Une attention particulière est accordée aux investissements dans les réseaux de laboratoires et à l’accès rapide aux diagnostics. Alors que la Banque mondiale et d’autres donateurs encouragent la surveillance génomique pour découvrir les variations et orienter les réponses au niveau continental, des groupes tels que FIND (Foundation for Innovative New Diagnostics) et ASLM (African Society for Laboratory Medicine) font pression pour une meilleure adoption des diagnostics et une égalité d’accès (worldbank.org , cepi.net).
La formation d’équipes d’intervention rapide, le développement de réseaux d’agents de santé communautaires, l’utilisation de la surveillance assistée par ordinateur au Sénégal et l’utilisation de canaux locaux fiables pour la communication des risques sont autant d’exemples d’innovations locales et d’acteurs au niveau communautaire qui sont au cœur de la préparation régionale. L’objectif de ces initiatives locales est de combler les lacunes en matière de réponse et de détection des épidémies qui pourraient échapper aux ministères nationaux (exemplars.health , finddx.org , stories.theglobalfund.org ).
Principaux défis et implications
La capacité des nations à répondre aux situations d’urgence est gravement entravée par le sous-financement persistant de la préparation à la santé publique. Afin de compenser la diminution de l’aide extérieure, l’OMS et le CDC Afrique ont souligné la nécessité d’investissements nationaux et régionaux pour remédier à la pénurie de fonds flexibles et prévisibles nécessaires aux opérations d’urgence et au renforcement des capacités. Ces restrictions budgétaires ont un impact négatif sur la préparation du personnel et sur les stocks, ce qui finit par compromettre la surveillance et les délais de réaction rapide en cas d’épidémie (afticacdc.org , who.int).
En raison des conséquences de l’épuisement professionnel et de l’exode des cliniciens, l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une grave pénurie de personnel de santé qualifié. D’ici 2030, l’OMS prévoit une pénurie de personnel de santé dans le monde entier, en particulier dans les régions à faibles revenus. L’OMS et le CDC Afrique ont également constaté des difficultés croissantes en matière de main-d’œuvre sur l’ensemble du continent. Les soins cliniques sont compromis, les enquêtes sur les cas sont entravées et la capacité à mener des services de routine et des programmes de vaccination pendant les épidémies est réduite en raison du manque de personnel de santé disponible (afro.who.int ; who.int).
Les conflits et l’instabilité politique au Sahel et dans les régions côtières de l’Afrique de l’Ouest entravent les opérations humanitaires et sanitaires, limitant l’accès des travailleurs humanitaires et provoquant d’importants déplacements de population. Cette situation réaffecte les ressources sanitaires vers les soins d’urgence et l’aide alimentaire, ce qui entraîne des lacunes dans la surveillance qui compliquent l’administration des vaccins et des médicaments. Les épidémies qui surviennent dans ces conditions d’insécurité posent des problèmes de détection et de contrôle et ont un impact disproportionné sur les populations vulnérables (reuters.com ; unchoa.org).
Les agences mondiales de santé, notamment l’OMS et Africa CDC, soulignent que l’insuffisance des systèmes de surveillance en Afrique de l’Ouest constitue une menace importante pour la biosécurité mondiale, notamment en raison de la rapidité des voyages aériens et des échanges commerciaux, les agents pathogènes pouvant se propager rapidement des zones rurales de Guinée ou de Sierra Leone vers les grandes villes internationales (africacdc.org). Ce sous-investissement permanent dans les systèmes de santé en Afrique de l’Ouest est une préoccupation qui transcende les frontières régionales, car il accroît le risque de pandémies et met en péril les cadres internationaux de sécurité sanitaire tels que le Règlement sanitaire international et le projet d’accord sur les pandémies (Eneh et al., 2025).
Les épidémies liées aux conflits dans la région du Sahel, exacerbées par les pressions sanitaires, entraînent des déplacements de population vers les États côtiers et l’Europe. Les rapports de l’OCHA et de l’OIM font état de déplacements internes records et d’épidémies, qui alimentent ces mouvements et en sont la conséquence. Ces crises sanitaires dans des contextes fragiles ne mettent pas seulement à l’épreuve les systèmes locaux, mais pèsent également sur les opérations humanitaires internationales, soulignant que l’insécurité sanitaire liée aux migrations et aux conflits a des implications géopolitiques significatives qui affectent les schémas migratoires mondiaux, le financement humanitaire et les politiques frontalières (unocha.org).
Les urgences sanitaires en Afrique de l’Ouest affectent considérablement les marchés mondiaux des matières premières, en particulier les exportations de bauxite, d’or, de cacao et d’énergie. L’épidémie de choléra de 2025 à Abidjan, aggravée par l’instabilité politique et les inondations, suscite des inquiétudes quant à la fiabilité de la chaîne d’approvisionnement, en particulier pour le plus grand port de la région. L’augmentation des problèmes de santé pourrait entraîner une hausse des coûts d’assurance, des retards d’expédition et des primes de risque pour les investisseurs, ce qui influencerait en fin de compte les prix mondiaux des produits de base et le commerce régional. Le renforcement des capacités de santé publique est donc essentiel pour la résilience économique et la sauvegarde des chaînes d’approvisionnement liées à l’industrie manufacturière et à l’énergie au niveau mondial.
Conclusion
La fièvre de Lassa, le choléra et la variole du singe ne sont que quelques-uns des graves risques de santé publique auxquels l’Afrique de l’Ouest est confrontée. Cela montre le lien entre la sécurité sanitaire régionale et la stabilité internationale. En tant que priorité mondiale permanente, un investissement soutenu dans la surveillance et des systèmes de santé solides sont nécessaires. Bien que l’engagement politique ait été renforcé par la coopération régionale au travers de l’OOAS, du CDC Afrique et de la CEDEAO, ces progrès ne seraient pas durables en l’absence d’un financement régulier et de meilleurs laboratoires. Afin de renforcer les défenses contre les pandémies, les efforts futurs devraient se concentrer sur la conversion des promesses politiques en initiatives à long terme, notamment en stimulant la fabrication locale, en fusionnant les systèmes de santé régionaux dans la gouvernance mondiale et en intégrant l’adaptation au climat dans la planification de la santé.
Références
80000 enfants sont exposés à un risque élevé de choléra alors que les épidémies se propagent dans 12 pays d’Afrique occidentale et centrale.unicef.org.https://www.unicef.org/press-releases/80000-children-high-risk-cholera-outbreaks-spread-across-12-countries-west-and
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État de Benue, l’OMS étend sa réponse à la fièvre de Lassa avec des campagnes de sensibilisation au niveau communautaire. afro.who.int. 8 octobre 2025. https://www.afro.who.int/countries/nigeria/news
Décision du Comité des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique CDC Session extraordinaire en marge de l’AGNU 80. africacdc.org. https://africacdc.org/news-item/decision-of-the-committee-of-heads-of-state-and-government-of-africa-cdc/
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Eneh, S. C., Anokwuru, C. C., Onukansi, F. O., Obi, C. G., Ikhuoria, O. V., Dauda, Z. U., … & Udoewah, S. A. (2025). Mise en œuvre de systèmes intégrés de surveillance et de réponse aux maladies en Afrique de l’Ouest : leçons apprises et orientations futures. BMJ Health & Care Informatics, 32(1), e101346.
Financement et mise en œuvre du budget du programme 2024-2025. https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/WHA78/A78_19-en.pdf
https://www.who.int/health-topics/health-workforce?utm_
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Conférence internationale sur la fièvre de Lassa 2025. lfic2025.org. https://www.lfic2025.org/
Table ronde ministérielle sur l’accélération de la préparation au vaccin contre la fièvre de Lassa – un moment stratégique pour le leadership régional. https://static.cepi.net/downloads/2025-09/Communique_Ministerial%20Roundtable%20on%20Accelerating%20Lassa%20Fever%20Vaccine%20Readiness_A%20Strategic%20Moment%20for%20Regional%20Leadership_Sept%208_2025.pdf?utm_source=chatgpt.com
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Le virus Mpox reste une urgence continentale, Africa CDC Advisory Group ... afriacdc.org. https://africacdc.org/news-item/mpox-still-a-continental-emergency-africa-cdc-advisory-group-recommends/
NGOUTTA, T. N. La Côte d’Ivoire annonce une épidémie de choléra après 7 décès | AP News. apnews.com. https://apnews.com/article/cholera-outbreak-ivory-coast-c352ad634488ee4bc9341b5b3472e796
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L’OOAS organise la deuxième conférence internationale sur la fièvre de Lassa… wahooas.org. https://www.wahooas.org/web-ooas/en/actualites/waho-convene-2nd-lassa-fever-international-conference-enhance-regional-health-security
L’Afrique de l’Ouest poursuit son étude sur la coïnfection entre la fièvre de Lassa et le paludisme ... vanguardngr.com. https://www.vanguardngr.com/2025/08/west-africa-continues-study-on-lassa-fever-malaria-coinfection/
Les dirigeants ouest-africains s’engagent à faire progresser le vaccin contre la fièvre de Lassa dans la région. cepi.net. 7 octobre 2025. https://cepi.net/west-african-leaders-commit-advance-lassa-fever-vaccine-region
L‘Afrique de l’Ouest s’unit à Abidjan pour accélérer la mise au point d’un vaccin contre la fièvre de Lassa… lassafeverinternationalconference.org.




























