Depuis que les élections multipartites ont commencé à déferler sur l’Afrique subsaharienne dans les années 1990, des épisodes récurrents de violence électorale ont persisté.
Des observateurs et des universitaires ont étudié ce phénomène pour en comprendre les causes et élaborer des stratégies de prévention. La violence électorale en Afrique est devenue tellement endémique qu’elle semble souvent réfractaire à toute solution. De l’ouest à l’est, du nord au centre de l’Afrique, les pays qui n’ont pas connu de violence électorale sont l’exception.
Les élections nationales sont souvent considérées comme une question de vie ou de mort, et personne n’est épargné par leurs effets, qu’il s’agisse des candidats, des militants, du personnel électoral, des observateurs électoraux, des journalistes ou des électeurs.
Par exemple, l’élection de 1992 en Angola a déclenché une guerre civile de 10 ans qui a fait des milliers de morts. En Éthiopie, les violences électorales qui ont suivi les élections de 2005 ont fait environ 200 morts. Au Kenya, les violences électorales de 2007-2008 ont fait environ 1 500 morts, tandis que l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire a fait environ 3 000 morts. Depuis le retour du Nigéria à un régime civil après une longue période de gouvernance militaire, la plupart des élections ont été marquées par la violence, avec des milliers de morts à la clé. Human Rights Watch a recensé plus de 800 morts à la suite des élections de 2011 au Nigéria. Des tendances similaires ont été observées au Soudan, en Sierra Leone, au Sénégal, en Gambie, au Rwanda, au Ghana, au Libéria, au Zimbabwe, au Burundi, en République démocratique du Congo et dans d’autres pays, où les violences électorales ont entraîné d’importantes pertes humaines et matérielles.
Principales causes de la violence électorale
Il est essentiel de réduire les avantages liés à la victoire ou à la défaite aux élections nationales pour atténuer la violence provoquée par le système du « gagnant prend tout », qui ne laisse aucune place à l’opposition. Les hommes politiques recherchent souvent non seulement le pouvoir, mais aussi le contrôle de l’accès aux ressources. Lorsque les candidats dépensent d’importantes sommes d’argent pour leur campagne, l’annonce de leur défaite par la commission électorale est difficile à accepter.
Le problème ne concerne pas seulement les dirigeants politiques, mais aussi leurs partisans. Nombre d’entre eux sont convaincus de leur victoire et peinent à accepter les résultats, surtout lorsqu’ils découvrent qu’ils ne joueront aucun rôle dans la gouvernance du pays. Les élections sont considérées comme des événements à fort enjeu, offrant aux jeunes des opportunités de mobilité sociale et professionnelle. Pour ceux qui considèrent leur contribution aux efforts d’un parti comme un investissement, l’attrait de la fonction publique peut pousser les politiciens et leurs partisans à recourir à des mesures extrêmes, y compris la violence, pour s’assurer la victoire électorale.
Ghana : garantir des élections pacifiques
Le Ghana fait l’objet d’une surveillance internationale à l’approche d’une année électorale. Les tensions entre les deux principaux partis politiques, le NPP et le NDC, se sont aggravées, faisant craindre des violences potentielles à l’approche des élections de décembre.
Une élection pacifique consoliderait la réputation du Ghana en tant que démocratie stable et encouragerait la pratique d’élections libres et équitables dans toute l’Afrique, décourageant ainsi les prises de pouvoir anticonstitutionnelles ailleurs. À l’inverse, une élection violente diminuerait la stature du Ghana et son acceptation par la communauté internationale en tant que nation véritablement démocratique.
L’exercice d’enregistrement limité mené par la Commission électorale, bien que bref, a enregistré 34 incidents violents et 32 blessés. Cette situation est alarmante, car WANEP a cartographié les points chauds dans les 276 circonscriptions du Ghana, identifiant de nombreuses zones à haut risque qui méritent l’attention des agences de sécurité.
Si des efforts doivent être faits pour garantir des élections pacifiques, il est tout aussi important que le candidat sortant respecte la volonté du peuple s’il perd. Si nécessaire, tout litige doit être résolu devant les tribunaux, comme cela a été le cas en 2016 lorsque le NPP a contesté les résultats des élections, mais a accepté la décision de la Cour suprême en faveur du NDC. En 2020, le NDC a également demandé à la Cour d’annuler les résultats des élections en raison d’irrégularités présumées, mais la Cour a statué en faveur du NPP.
L’une des principales conclusions de ces nombreuses études est que lorsque les hommes politiques refusent d’accepter les résultats d’une élection libre, équitable et démocratique et qu’ils préfèrent parler d’un « verdict volé », ils mettent leur peuple en danger. Plus ce discours gagne du terrain, plus il y a de chances que la violence s’intensifie.