Dans le paysage mondial interconnecté d’aujourd’hui, la gestion des ressources est devenue plus compliquée, en particulier si l’on considère la contagion de la sécurité et la prolifération de la désinformation (López et al., 2024). Afin d’atténuer les effets de ces problèmes, qui ont le potentiel de perturber la stabilité sociale, politique et économique, les ressources doivent être utilisées et allouées de manière efficace.
Contagion de la sécurité : Les menaces locales se répercutent à l’échelle mondiale
La contagion de la sécurité fait référence à la propagation rapide des menaces à la sécurité entre les régions, qui découle souvent de la nature interconnectée des sociétés modernes et des progrès technologiques (Brett, 2021). Ce phénomène peut prendre différentes formes, telles que les guerres géopolitiques, le terrorisme et les cyberattaques. Prenons l’exemple de l’épidémie de ransomware WannaCry de 2017 : issue d’une petite vulnérabilité dans les systèmes Windows obsolètes, cette cybermenace a balayé le monde en quelques heures seulement, paralysant des hôpitaux au Royaume-Uni, arrêtant les chaînes de production dans les usines Renault et perturbant les chemins de fer en Allemagne (Chen & Bridges, 2017 ; Akbanov et al, 2019). Les dégâts ne se sont pas limités à un seul secteur ou à un seul pays, mettant en évidence les effets en cascade d’une menace localisée.
La crise financière de 2008 en est un autre exemple frappant. Si elle a débuté aux États-Unis avec la faillite de Lehman Brothers, ses effets se sont rapidement propagés dans le monde entier, révélant la fragilité des systèmes financiers interconnectés (Schoen, 2017 ; Bernanke, 2018). Les pays dotés de cadres de gestion des ressources solides étaient mieux placés pour résister à la tempête, ce qui souligne l’importance d’un investissement préventif dans des stratégies d’atténuation des risques (Lu et al., 2022).
Gérer efficacement les ressources dans de tels scénarios ne consiste pas seulement à limiter les dégâts, mais aussi à renforcer la résilience. En outre, comme les menaces dépassent souvent les frontières nationales, il s’agit de renforcer les mesures de cybersécurité, d’encourager la coopération internationale et de créer des équipes d’intervention rapide capables d’atténuer la propagation de ces menaces.
Désinformation et désinformation : L’ennemi invisible
La désinformation, caractérisée par la diffusion délibérée d’informations fausses ou trompeuses, est tout aussi insidieuse, si ce n’est plus. Elle est susceptible d’éroder la confiance du public, d’exacerber les troubles sociaux et de fausser la prise de décision (Heffernan, 2024). Ce problème a été mis en lumière par la pandémie de COVID-19, car la désinformation sur le virus et les vaccins s’est répandue plus rapidement que le virus lui-même, provoquant résistance et réticence, ce qui a rendu les interventions de santé publique plus difficiles (Pennycook et al., 2020). Les stratégies de gestion des ressources doivent prévoir l’affectation de ressources à la lutte contre la désinformation. Il s’agit d’investir dans des organismes de vérification des faits, de renforcer la culture numérique au sein de la population et de tirer parti de la technologie pour identifier et contrer les faux récits. La collaboration avec les plateformes de médias sociaux et l’élaboration de cadres réglementaires sont également essentielles pour freiner la propagation de la désinformation.
Interaction entre la contagion de la sécurité et la désinformation
Ces deux phénomènes ne sont pas isolés. La désinformation peut exacerber la propagation des menaces pour la sécurité. Par exemple, lors de la cyberattaque de 2021 contre Colonial Pipeline aux États-Unis, de fausses informations sur des pénuries de carburant se sont rapidement répandues, provoquant des achats de panique et des pénuries réelles (Lubin, 2022), ce qui montre comment la désinformation peut amplifier l’impact d’une atteinte à la sécurité.
En revanche, une gestion inadéquate des ressources peut rendre les sociétés vulnérables à l’un et à l’autre. Dans les régions où la culture numérique est faible, la désinformation se propage sans contrôle, tandis que les cadres de cybersécurité disposant de peu de ressources sont mal équipés pour gérer les effets en cascade des menaces à la sécurité (Skiba, 2024).
L’interaction entre la gestion des ressources, la contagion sécuritaire et la désinformation crée un paysage complexe. La désinformation peut exacerber les contagions sécuritaires en semant la peur, la confusion et la panique, ce qui a pour effet de solliciter les ressources. Par exemple, la désinformation en situation d’urgence peut conduire à une mauvaise affectation des ressources, comme l’a montré l’achat excessif de fournitures médicales au cours des premières phases de la pandémie de COVID-19 (Pulido et al., 2020).
Inversement, une mauvaise gestion des ressources peut aggraver la désinformation et la contagion sécuritaire. Alors que les infrastructures de sécurité sous-financées sont mal préparées pour faire face aux impacts en cascade des menaces sécuritaires, un investissement inadéquat dans la communication et l’éducation du public expose les communautés à la manipulation.
Apprendre sur le terrain
Le gouvernement estonien offre un exemple intéressant d’investissement proactif. L’Estonie a réalisé d’importants investissements dans la cybersécurité après une cyberattaque de grande ampleur en 2007 et figure aujourd’hui parmi les pays les plus résilients sur le plan technologique (Nicol, 2018 ; Górka, 2023). Depuis sa création, le Centre d’excellence en coopération pour la cyberdéfense de l’OTAN a joué un rôle déterminant dans la lutte contre les cyberattaques dans le monde entier (Atkinson, 2023).
L’approche de l’Union européenne en matière de désinformation est un autre exemple. Grâce à des initiatives telles que l’Observatoire européen des médias numériques, l’UE encourage la collaboration entre les vérificateurs de faits, les chercheurs et les décideurs politiques, en mettant en commun les ressources pour lutter efficacement contre la désinformation (Hoxtell, n.d).
Aux Philippines, où les fausses informations sont très répandues, des organisations non gouvernementales ont lancé des initiatives locales pour apprendre aux gens à repérer et à éviter les fausses nouvelles (Lewis et al., 2020 ; Barron, 2021). Ces programmes permettent aux communautés de s’opposer aux récits trompeurs tout en améliorant la culture numérique.
La voie à suivre
Pour lutter contre la cybersécurité, des ressources devraient être allouées à la cybersécurité, à la communication publique et à l’éducation, y compris le financement des avancées technologiques et des programmes de formation. La mise en place de cadres de collaboration internationale pour le partage des ressources et l’atténuation des menaces sera utile. L’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’analyse des données (big data) pour la détection précoce et la réponse aux menaces de sécurité ne peut pas être laissée de côté. Il est tout aussi important de favoriser une culture de la transparence et de l’engagement public pour renforcer la confiance et la résilience, en répondant aux préoccupations des citoyens et en fournissant des informations exactes.
Conclusion
Les défis de la contagion sécuritaire et de la désinformation sont profonds, mais ils ne sont pas insurmontables. Une gestion efficace des ressources par l’utilisation de l’innovation technologique, l’encouragement de la coopération internationale et l’engagement du public peuvent renforcer la résilience de la société à long terme.
En tirant les leçons des incidents passés et en adoptant des mesures proactives, les sociétés peuvent naviguer dans le paysage complexe des menaces modernes et garantir la stabilité et la sécurité dans un monde de plus en plus instable.
Références
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Brett, T. (2021). Understanding contagion spreading processes of cyber security threats through social networks (Thèse de doctorat, Université de Greenwich).
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