À l’aube de l’indépendance, l’hymne du Ghana se faisait l’écho d’un fervent plaidoyer : « Dieu bénisse notre patrie, le Ghana, et rende notre nation grande et forte. Pourtant, malgré la dotation divine de terres fertiles et de richesses naturelles, une bénédiction de Dieu, le Ghana se trouve pris dans les griffes du sous-développement, même à 67 ans.
Lorsqu’ils ont obtenu leur indépendance politique du régime colonial en 1957, le Ghana et la Malaisie se sont lancés dans leur quête respective de liberté et de progrès avec optimisme et un grand potentiel. Tous deux dotés de ressources abondantes et de populations résistantes, le Ghana et la Malaisie sont sur un pied d’égalité en termes de niveau de développement économique, le Ghana étant même légèrement en tête pour ce qui est du revenu par habitant. Mais au fil du temps, leurs chemins se sont brusquement séparés, racontant une histoire de possibilités perdues et de potentiel non réalisé. L’histoire du Ghana et de la Malaisie, autrefois semblable à celle de jumeaux identiques, s’est transformée en une juxtaposition brutale de fortunes. Alors que la Malaisie atteignait des sommets vertigineux de prouesse économique, le Ghana languissait dans l’ombre de ses promesses non réalisées.
Le contraste n’est pas simplement statistique ; il témoigne des choix et des décisions prises tout au long du parcours de développement de chaque nation. Si nous devions juxtaposer la vie au Ghana à celle en Malaisie, les écarts seraient stupéfiants. De la consommation d’électricité à l’espérance de vie, des niveaux de revenus aux taux de chômage, les avantages dont jouissent les Malaisiens dépassent de loin ceux des Ghanéens.
Cette réalité flagrante soulève la question suivante : Où nous sommes-nous trompés ? Malgré les bénédictions de Dieu sur notre patrie, pourquoi avons-nous failli dans notre quête de grandeur ? La réponse ne réside pas dans l’intervention divine, mais dans nos propres actions ou leur absence. Face à ce contraste saisissant, il est impératif d’affronter une vérité dérangeante : le sous-développement du Ghana n’est pas seulement la conséquence de forces extérieures ou d’héritages historiques, mais aussi le reflet de nos échecs collectifs. Malgré les bénédictions divines accordées à notre patrie, nous n’avons pas réussi à exploiter nos ressources, à nourrir notre potentiel et à tracer la voie de la grandeur.
Cet article examine les multiples facteurs qui ont contribué au sous-développement du Ghana, depuis les échecs de gouvernance et la mauvaise gestion économique jusqu’aux défis sociétaux et aux inégalités systémiques. Il invite les lecteurs à réfléchir au rôle qu’ils ont joué dans la construction du destin du Ghana et appelle à un effort collectif pour récupérer les bienfaits de notre patrie.
Le paysage politique turbulent du Ghana : L’impact des coups d’État sur le développement de la nation.
Le Ghana, une nation riche en potentiel et en promesses, a traversé des eaux politiques turbulentes depuis qu’il a obtenu son indépendance de la domination coloniale britannique en 1957. En l’espace d’un peu plus de deux décennies (1966-1981), le pays a connu près de neuf gouvernements différents, dont plus de la moitié étaient issus d’une prise de pouvoir militaire. Cette période d’instabilité politique, qui a duré jusqu’au début de la quatrième République, a eu de profondes répercussions sur la trajectoire de développement du Ghana.
De 1966 au début des années 1980, le Ghana a connu une série de coups d’État qui ont tous contribué à créer un climat d’incertitude et de perturbation. Ces bouleversements ont non seulement modifié la structure gouvernementale du pays, mais ont également eu des effets considérables sur divers aspects du développement.
L’une des conséquences les plus importantes de ces coups d’État a été la perturbation de la planification à long terme et de la mise en œuvre des politiques. Avec les changements fréquents à la tête du gouvernement, la continuité des stratégies de développement est devenue difficile à assurer. Cette incohérence a entravé les progrès dans des secteurs essentiels tels que le développement des infrastructures, l’éducation et les soins de santé. Par exemple, la suspension des institutions démocratiques après les coups d’État militaires a entraîné des revers dans les négociations avec des organismes internationaux tels que le Fonds monétaire international (FMI), ce qui a eu un impact négatif sur des décisions économiques cruciales et a entravé les initiatives de développement.
La suspension des institutions démocratiques et l’érosion des libertés civiles sous le régime militaire ont étouffé la participation des citoyens à la gouvernance et réprimé la dissidence. Les violations des droits de l’homme et la répression politique sont devenues monnaie courante, favorisant un environnement de peur et d’incertitude qui a entravé le progrès socio-économique.
Sur le plan économique, les coups d’État ont eu des effets néfastes, dissuadant les investissements étrangers et sapant la confiance des investisseurs. L’instabilité économique résultant de ces événements a exacerbé la pauvreté et les inégalités, perpétuant ainsi les cycles de sous-développement.
Dans le même temps, les gouvernements dirigés par des militaires qui ont pris le pouvoir à des gouvernements démocratiquement élus ne disposaient pas de l’expertise et de la légitimité nécessaires pour gérer efficacement des problèmes de développement complexes. Ce déficit de gouvernance a souvent conduit à une mauvaise gestion des ressources, à la corruption et à l’inefficacité, ce qui a encore entravé les efforts de développement.
La politique ethnique au Ghana : Un obstacle au progrès national
Depuis l’époque précoloniale, la politique au Ghana est profondément liée aux affiliations tribales et parfois religieuses. Cette tendance s’est poursuivie au cours de la période qui a suivi l’indépendance, façonnant le paysage des partis politiques et des structures de gouvernance. Lors des élections législatives de 1951 en Gold Coast, des partis politiques ont émergé selon des lignes tribales, reflétant la diversité ethnique de la région. Toutefois, la loi de 1957 sur la prévention de la discrimination a conduit à la fusion de ces partis au sein du Parti uni (UP) afin d’éviter toute discrimination fondée sur des motifs raciaux, ethniques ou religieux.
Malgré cette fusion, les divisions ethniques ont persisté, notamment entre les Akans et les partisans du Progress Party, d’une part, et les Ewes de la région Volta du Ghana, d’autre part, qui s’y sont largement opposés. Cette division s’est poursuivie sous la quatrième République, avec le Congrès démocratique national (NDC) et le Nouveau parti patriotique (NPP) qui dominent la scène politique.
Les dispositions constitutionnelles visant à freiner les politiques ethniques extrêmes n’ont eu qu’un succès limité, car les affiliations ethniques continuent de façonner les allégeances politiques. Les bastions du NPP se situent dans certaines régions administratives du pays, tandis que le NDC bénéficie d’un soutien principalement dans d’autres régions, ce qui entraîne une polarisation du paysage politique.
Cette polarisation étouffe les voix neutres dans la politique ghanéenne, car toute dissidence est souvent perçue sous un angle partisan. L’influence omniprésente de la politique ethnique a exacerbé les divisions sociales, sapé l’efficacité de la gouvernance et entravé la cohésion nationale.
L’organisation et l’affiliation des partis politiques sur la base de l’appartenance ethnique ont favorisé la méfiance et la concurrence entre les différents groupes ethniques, entravant ainsi la collaboration pour le développement national. La politique du clientélisme, dans laquelle les politiciens donnent la priorité aux intérêts de leurs circonscriptions ethniques, a conduit à une allocation des ressources biaisée et à la négligence des régions marginalisées sur le plan socio-économique.
La prédominance des partis politiques à base ethnique au Ghana a entravé l’émergence d’un leadership et d’une formulation politique fondés sur le mérite, perpétuant la médiocrité et l’inefficacité de la gouvernance. Globalement, l’enracinement de la politique ethnique dans la société ghanéenne a entravé les progrès vers le développement durable en érodant la confiance dans les institutions, en fragmentant la société et en détournant l’attention des défis urgents en matière de développement.
Corruption
Le problème de la corruption au Ghana est profondément enraciné et a persisté à travers les différentes époques politiques, depuis les premiers jours de l’indépendance jusqu’à aujourd’hui. Les interventions militaires, souvent justifiées par la lutte contre la corruption, ont au contraire perpétué des cycles d’instabilité politique et de mauvaise gestion économique. Cependant, la corruption transcende les frontières politiques, affectant aussi bien les régimes démocratiques qu’autoritaires.
Un aspect important de la corruption au Ghana est son impact sur les relations interethniques. La manipulation des affiliations tribales à des fins politiques a conduit à des divisions profondément ancrées et a alimenté la corruption. Ce phénomène, communément appelé « gouvernance familiale et amicale », perpétue un système de népotisme et de favoritisme qui sape la méritocratie et l’équité dans la gouvernance.
En outre, le secteur public ghanéen porte un lourd fardeau en raison de la corruption politique et des mauvaises pratiques de gestion. La mauvaise gestion des ressources publiques, comme en témoigne l’effondrement du réseau de transport public à Accra, met en évidence les conséquences désastreuses de la corruption sur les services et les infrastructures essentiels.
Malgré les efforts déployés pour lutter contre la corruption, notamment la mise en place d’institutions démocratiques et d’agences de lutte contre la corruption, le problème persiste. Les administrations qui se sont succédé ont été accablées par des scandales de corruption, ce qui a érodé la confiance du public dans la capacité des gouvernements à lutter efficacement contre la corruption ».
Les ramifications économiques et sociales de la corruption sont profondes, le Ghana perdant chaque année des milliards de dollars à cause des pratiques de corruption. Des audits récents ont révélé des niveaux alarmants d’irrégularités financières et de mauvaise gestion au sein des entités gouvernementales, soulignant la nécessité urgente d’une action décisive. Cette hémorragie financière entrave les efforts de développement, exacerbe la pauvreté et sape les efforts visant à améliorer la vie des citoyens.
L’affaire inachevée du Ghana : Le coût de l’abandon des projets
Dans les couloirs animés du paysage politique ghanéen, un schéma troublant de projets inachevés jette une longue ombre sur les aspirations de la nation au développement. Depuis l’époque du CPP de Nkrumah jusqu’à l’actuelle quatrième République, les projets publics abandonnés par les gouvernements successifs des différents partis politiques abondent. Il en résulte aujourd’hui une longue liste d’infrastructures nationales et communautaires inachevées et d’autres projets de développement laissés à l’abandon après que les ressources financières nationales ont été dépensées pour ces projets. Les citoyens se demandent alors généralement ce qu’il est advenu des promesses de campagne faites par les partis politiques.
Dans un pays qui regorge de richesses naturelles et de potentiel, la situation des contribuables pauvres contraste fortement avec l’abondance des richesses naturelles de la nation. La rhétorique officielle habituelle sur les progrès réalisés au niveau national et les prétendues réalisations du gouvernement continue de résonner dans les couloirs du pouvoir politique, mais la réalité sur le terrain est tout autre : les intérêts partisans l’emportent sur le bien commun.
La danse des transitions politiques entre le National Democratic Congress (NDC) et le New Patriotic Party (NPP) a souvent sonné le glas de projets d’infrastructures critiques encore en construction. Lorsque le pouvoir change de mains, les projets lancés par une administration sont facilement abandonnés ou négligés par le nouveau gouvernement, ce qui perpétue un cycle de sous-développement et de stagnation.
L’état lamentable du système de santé ghanéen en est un bon exemple : Les projets d’hôpitaux abandonnés parsèment le paysage comme autant de monuments de la myopie politique. Un rapport accablant publié par Citi FM en août 2018 a mis au jour pas moins de 21 projets d’hôpitaux abandonnés dans tout le pays, ce qui témoigne de l’impact des transitions politiques sur l’adéquation de l’infrastructure de santé publique du pays.
Mais la question ne se limite pas aux soins de santé. Qu’il s’agisse de contrats routiers laissés dans l’incertitude ou de projets de construction de logements, le spectre de l’abandon de projets plane sur le programme de développement du Ghana. Le projet de logement de Saglemi, lancé par une administration politique et abandonné par la suivante, est un rappel poignant du coût humain des jeux politiques.
En coulisses, le bilan financier de ces projets abandonnés est stupéfiant. Selon le rapport du vérificateur général du Ghana, les projets abandonnés et non utilisés dans des dizaines d’assemblées métropolitaines, municipales et de district ont coûté à l’État plus de 30 millions de GH¢ pour la seule année 2017 – un prix élevé à supporter pour les coffres de la nation. Les irrégularités contractuelles aggravent encore le problème, entraînant des pertes financières considérables et un gaspillage de ressources qui auraient pu être investies dans les infrastructures et les services publics du Ghana.
Alors que le Ghana est aux prises avec les conséquences de l’abandon de projets, la nécessité d’une gouvernance responsable et transparente n’a jamais été aussi pressante.
La bataille pour la vérité : dévoiler les guerres de propagande au Ghana
Au cœur de la quatrième République du Ghana se trouve un champ de bataille caché aux yeux du public, un domaine où la vérité et la fiction s’affrontent, et où les limites entre les faits et l’affabulation sont floues. C’est le domaine de la propagande, une force obscure qui exerce un pouvoir immense sur le destin de la nation.
À l’épicentre de cette guerre se trouvent les médias, un domaine autrefois vénéré comme le gardien de la vérité et largement connu comme le quatrième pilier de la démocratie, mais aujourd’hui entaché par le poison de la politique partisane. Les médias publics et privés sont accusés d’avoir manqué à leur devoir professionnel sacré en abandonnant leur neutralité professionnelle au profit du sensationnalisme et de la partialité. Sur ce terrain brisé, la vérité devient une victime, et les graines du conflit germent, semant la division là où l’unité devrait prévaloir. Cependant, les racines pernicieuses de la désinformation s’étendent bien au-delà des salles de presse et des rédactions. La politique ethnique, ce spectre séculaire qui hante les couloirs du pouvoir au Ghana, jette sa longue ombre sur la psyché collective de la nation. Tels des marionnettistes tirant des ficelles invisibles, les partis politiques manipulent les identités ethniques pour influencer les masses, attisant les flammes de la division et de la méfiance.
Dans ce concours de poudre aux yeux, le National Democratic Congress (NDC) et le New Patriotic Party (NPP) sont des géants engagés dans une guerre sans fin pour la suprématie. Chaque jour, la rhétorique s’échauffe et les accusations deviennent plus virulentes, la propagande devenant leur arme préférée. Les faussetés se font passer pour la réalité, les assassinats de personnages passent pour des débats politiques et l’histoire elle-même devient un champ de bataille, réécrite pour répondre aux désirs de ceux qui détiennent le pouvoir. Dans ce monde en dents de scie, la confiance devient une denrée rare et la foi dans le processus démocratique s’amenuise face à la menace de la propagande.
L’attitude compte : Les défis du Ghana et les voies du progrès
Le Ghana, souvent considéré comme la « porte de l’Afrique », a longtemps été perçu comme une lueur d’espoir sur le continent. Pourtant, malgré son potentiel de grandeur, il existe une ombre projetée par les actions de son propre peuple, qui assombrit la promesse de prospérité et de progrès.
L’un des problèmes flagrants auxquels le Ghana est confronté est sa mauvaise culture de l’entretien. Des infrastructures en ruine aux espaces publics négligés, les signes de décrépitude sont évidents dans tout le paysage. Des milliers de kilomètres de routes dans le pays sont en mauvais état, tandis que les bâtiments publics sont des monuments à l’abandon. Le manque d’investissement dans la maintenance reflète une attitude plus générale d’apathie à l’égard de la préservation des actifs de la nation pour les générations futures.
Mais l’infrastructure physique n’est pas la seule à souffrir : l’éthique du travail au Ghana a également fait l’objet d’un examen minutieux. Une attitude généralisée de complaisance et de manque d’enthousiasme à l’égard du travail a envahi de nombreux secteurs de la société. Des administrations aux entreprises privées, les récits abondent sur les retards, l’inefficacité et un sentiment général d’indifférence à l’égard de la productivité. Cette attitude n’entrave pas seulement la croissance économique, mais érode également le tissu des valeurs de la société.
La cupidité et l’individualisme ont également contribué aux malheurs du Ghana. Dans leur quête de profit personnel, certains ont délaissé le bien collectif, privilégiant leur intérêt personnel au détriment du bien-être de la nation. La corruption, les pots-de-vin et les détournements de fonds sont devenus monnaie courante, détournant des ressources destinées au bien public vers les poches de quelques privilégiés. Cette culture de l’avidité sape la confiance dans les institutions et perpétue les inégalités, creusant le fossé entre les nantis et les démunis.
La société ghanéenne a également connu un déclin notable de l’engagement civique et du capital social. Autrefois connue pour son fort sentiment d’appartenance à la communauté et de solidarité, elle se caractérise aujourd’hui par un sentiment croissant de fragmentation et d’individualisme. La confiance dans le gouvernement et les institutions s’est érodée, entraînant l’apathie et la désillusion de la population. En conséquence, l’action collective visant à relever les défis sociétaux s’est essoufflée, laissant de nombreuses communautés livrées à elles-mêmes.
Conclusion
Des personnalités les plus influentes aux individus les plus ignorés de notre nation, nous avons tous joué un rôle dans la diminution des bienfaits de notre mère patrie, vieille de 67 ans. Qu’il s’agisse de négliger les petits problèmes ou de perpétrer de graves injustices à huis clos, ces actions ont corrodé la prospérité de notre pays et mettent aujourd’hui en péril sa sécurité. En fin de compte, l’expression « Faire face à la dure vérité » est un rappel poignant du potentiel inexploité du Ghana et de la nécessité urgente d’une action concertée pour s’affranchir des chaînes du sous-développement. Il s’agit d’un appel aux armes lancé à tous les Ghanéens pour qu’ils s’élèvent au-dessus de la complaisance, de la médiocrité et de la politique partisane acrimonieuse et clivante, et qu’ils s’efforcent au contraire d’atteindre l’excellence dans toutes les entreprises communautaires et nationales.