Au Burkina Faso, plusieurs officiers supérieurs et un magistrat des Forces armées nationales ont été déchargés de l’armée, selon un décret signé par le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le 30 octobre 2024.
Ils ont été réformés pour deux raisons : « faute jugée particulièrement grave, consistant en une atteinte grave à la dignité militaire et à la réputation de l’armée, caractérisée par une intention de porter les armes contre l’État et de nuire à la défense nationale » et « faute jugée particulièrement grave, consistant en une atteinte grave à la dignité militaire et à la réputation de l’armée, caractérisée par des actions d’intelligence avec une puissance étrangère et des terroristes dans le but de favoriser leurs entreprises contre le Burkina Faso ».
Parmi les personnes déchargées figurent l’ancien président de la transition, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le lieutenant-colonel Evrard Somda, ancien chef d’état-major de la gendarmerie nationale, l’ancien COTN (commandant des opérations du théâtre national), le lieutenant Yves Didier Bamouni, et les lieutenants-colonels Boubakar Keïta, Damandi Malick Toguyeni, et Wilfried Ouédraogo.
Avec l’annonce de ces décharges, beaucoup font le rapprochement avec une déclaration du ministre burkinabé de la Sécurité, le commissaire divisionnaire de police Mahamoudou Sana, dans la soirée du lundi 23 septembre 2024, à la télévision nationale. Il a déclaré que les autorités avaient déjoué plusieurs tentatives de déstabilisation. Il a cité des noms et révélé leur mode opératoire. Parmi ces noms figure celui de l’ancien président Paul Henri Sandaogo Damiba, et le ministre a précisé qu’il y avait « plusieurs autres officiers à l’extérieur du pays qui font toujours l’objet d’une enquête ».
Plusieurs organisations de la société civile du Burkina Faso et des pays voisins ont salué cette annonce. C’est le cas de la Confédération des peuples de l’Alliance des États du Sahel (CP-AES). Cette organisation, créée le 16 septembre 2024 à Bamako, au Mali, et composée de Burkinabés, de Maliens et de Nigérians, a félicité le capitaine Ibrahim Traoré et l’ensemble des autorités burkinabées pour « leur fermeté face à des actes d’une telle gravité ».
Dans leur quête de « promotion de l’intégration et des valeurs africaines propres aux peuples du Sahel », la CP-AES encourage « toutes les autorités de la confédération AES à s’inscrire dans une même dynamique de sauvegarde de la discipline, de la loyauté et du patriotisme au sein des forces armées et de sécurité de la confédération AES ».
Cette nouvelle de démobilisation d’officiers de l’armée burkinabé est une nouvelle preuve que le régime du capitaine Ibrahim Traoré est à la fois convoité et controversé, marquant une nouvelle tentative de déstabilisation au cours des deux dernières années du règne de l’actuel homme fort.
La semaine même de la publication de la liste de démobilisation, il a été révélé qu’un individu avait approché des soldats dans le but de déstabiliser le pays.
Il leur propose la somme de 5 milliards de FCFA. Les soldats en ont fait part à leurs supérieurs, qui leur ont demandé de jouer le jeu.
Le vendredi 8 novembre 2024, l’argent a été remis en espèces aux soldats dans des valises. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’individu s’est rendu compte qu’il avait été dupé. L’argent a été déposé au Trésor, en attendant que son origine soit clarifiée, comme l’a expliqué un journaliste à la télévision nationale.
Bénéficiant d’une rallonge de cinq ans pour diriger le pays suite aux recommandations de l’assemblée nationale du 25 mai 2024 tenue à Ouagadougou, après 20 mois de transition, le capitaine Ibrahim Traoré n’est toujours pas à l’abri d’un coup d’État.
La situation sécuritaire reste défavorable. Malgré l’acquisition d’armes et les résultats d’opérations militaires montrés à la télévision publique, ce régime ne semble pas convaincre grand monde.
Sous Ibrahim Traoré, il n’y a plus de communication officielle sur les attaques terroristes au Burkina Faso. Cette stratégie de non-reconnaissance publique du terrorisme ne semble pas rassurer tout le monde. Certains activistes, généralement basés à l’extérieur du pays, continuent de partager des informations relatives à des incidents terroristes.
Depuis mars 2023, le Conseil national pour l’aide d’urgence et la réhabilitation (CONASUR) a cessé de publier des statistiques sur les personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les organisations non gouvernementales (ONG) ont également été invitées à cesser de rendre compte de leurs activités humanitaires sur le terrain. Il est donc difficile d’évaluer scientifiquement l’évolution positive ou négative de la crise humanitaire liée à l’insécurité.
Une réalité constante est que, dans plusieurs villes du Burkina Faso situées dans des régions fortement touchées par l’insécurité, il est difficile de se déplacer dans un rayon de plus de dix kilomètres. C’est le cas à Kaya, Fada N’Gourma, Ouahigouya, etc.