Introduction
Le chômage des jeunes au Ghana continue de représenter une menace importante pour la cohésion nationale et la stabilité démocratique. La CISA considère qu’il s’agit d’un problème de sécurité nationale critique qui nécessite une surveillance constante. Pour faire suite à d’autres articles sur ce sujet, CISA examine les facteurs structurels du chômage des jeunes et analyse deux incidents majeurs : la prise de contrôle de la gare routière d’Ayalolo par les jeunes du Congrès national démocratique (NDC) et la bousculade du recrutement militaire au stade El-Wak en 2025, qui a fait six morts et de nombreux blessés. En situant ces deux incidents dans le cadre plus large de l’agitation des jeunes, cet article cherche à mettre en évidence les dangers d’un chômage non traité et propose des recommandations politiques visant à créer des emplois, à dépolitiser le recrutement, à réformer la sécurité et à renforcer la gouvernance institutionnelle.
Le chômage des jeunes au Ghana contribue depuis longtemps à l’agitation sociale, aux tensions politiques et aux troubles périodiques. Les chercheurs notent que les barrières structurelles persistantes, associées à des dispositions institutionnelles fragiles, ont aggravé les frustrations des jeunes (Baah-Boateng, 2016). Ces frustrations se manifestent de différentes manières – de la prise de contrôle d’installations pour des raisons politiques à la participation massive et désespérée à des exercices de recrutement.
Deux événements illustrent la gravité du problème : le premier est la prise de contrôle de la gare routière d’Ayalolo par des jeunes du NDC à la suite d’un changement de pouvoir politique et la bousculade du recrutement militaire de 2025 au stade El-Wak, où de nombreux jeunes demandeurs d’emploi ont perdu la vie.
Ces deux incidents montrent comment le désespoir économique, les attentes non satisfaites et la politisation de l’accès à l’emploi peuvent créer des points chauds dangereux, capables d’exploser et de submerger les forces de sécurité.
Historique et contexte : Le chômage des jeunes au Ghana
Le chômage des jeunes au Ghana est resté élevé en raison de limitations économiques, d’une industrialisation inadéquate, d’une inadéquation des compétences et d’une absorption limitée par le secteur privé (Aryeetey & Baah-Boateng, 2015). Les systèmes de favoritisme politique faussent encore davantage l’accès à l’emploi, créant des perceptions d’injustice et aggravant les frustrations des jeunes (Gyimah-Boadi, 2020). Ces dynamiques structurelles et politiques se combinent pour rendre les jeunes vulnérables à l’agitation.
La reprise de la gare routière d’Ayalolo
À la suite d’une transition politique nationale, des jeunes du NDC se sont emparés par la force de la gare routière d’Ayalolo, revendiquant un droit à l’emploi dans l’établissement. Cette action a perturbé les opérations, intimidé les travailleurs et mis en évidence la façon dont les groupes de jeunes partisans agissent souvent comme des blocs de pression tentant de contrôler les biens publics pour accéder à l’emploi.
Les racines de cette agitation se trouvent dans l’exclusion perçue des opportunités, le désespoir économique et la normalisation du favoritisme politique dans les institutions de l’État.
La ruée vers le recrutement au stade El-Wak : Désespoir de l’emploi et perte de vies humaines
En novembre 2025, au moins six jeunes gens sont morts lors d’une bousculade au stade sportif d’El-Wak. Ces jeunes assistaient à un exercice de recrutement des forces armées ghanéennes (Pulse Ghana, 2025 ; Today Ghana News, 2025).
Les rapports indiquent que la surpopulation, le mauvais contrôle de la foule et les tentatives d’entrée précipitées ont déclenché une bousculade mortelle, dont les victimes ont été transportées à l’hôpital militaire 37 pour recevoir des soins d’urgence (Ghana Sentinel, 2025 ; The Chronicle, 2025).
Malheureusement, six jeunes femmes ont perdu la vie et d’autres jeunes ont été blessés à divers degrés. Cette tragédie démontre l’intense désespoir des jeunes ghanéens en matière d’emploi.
Les grandes tendances de l’agitation des jeunes
Dans tout le Ghana, les jeunes ont mené des actions similaires, notamment en s’emparant de postes de péage, de bureaux du NHIS, d’assemblées de district et d’autres installations publiques. Ces actions ont souvent été justifiées par l’attente d’une récompense pour la participation politique (Osei-Assibey et al., 2016). Associés à des tragédies comme la bousculade d’El-Wak, ces incidents révèlent la nature multidimensionnelle de l’agitation des jeunes : droit politique, désespoir économique et fragilité institutionnelle.
Les dangers de l’absence de réponse au chômage des jeunes
Les affaires Ayalolo et El-Wak illustrent ensemble plusieurs risques :
- L’escalade de la vigilance politique
- Risques de perte de vies humaines et de sécurité publique
- Érosion de la crédibilité institutionnelle
- Baisse de la confiance des investisseurs et du public
- Risque de troubles sociaux à grande échelle
- Normalisation du mécénat et de l’assistanat
Recommandations politiques
- Il est essentiel que des études soient entreprises pour identifier les domaines de compétences critiques dont le pays a besoin et pour encourager les jeunes à se concentrer sur ces domaines.
- Il est nécessaire de renforcer la création d’emplois et le développement des compétences, en particulier dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels ainsi que dans les programmes d’apprentissage ;
- Le recrutement dans les services publics nécessite une transformation significative, avec une forte dépendance à l’égard de l’utilisation de la technologie.
- L’application de l’État de droit à la lumière des prises de pouvoir par les jeunes lors de rencontres à caractère politique. Le Ghana est presque au point de basculement à cet égard et il est urgent d’agir.
- Le renforcement des institutions est primordial. Cela doit être démontré par les dirigeants de toutes les institutions et pourrait également se faire en partenariat avec des institutions telles que la CISA.
Conclusion
La prise de contrôle de la gare routière d’Ayalolo et la tragique bousculade du stade El-Wak illustrent les deux facettes de la crise du chômage des jeunes au Ghana : le droit politisé et le désespoir mortel. Il est essentiel de s’attaquer au chômage, de réformer les processus de recrutement et de renforcer les institutions pour éviter de nouveaux troubles et préserver la stabilité du Ghana. En l’absence de réformes globales, le pays risque de connaître à nouveau des incidents qui portent atteinte à la fois à la démocratie et à la sécurité publique. Les deux incidents auxquels la CISA a fait référence démontrent que le pays est à son point de basculement. Les services de sécurité doivent disposer de renseignements et entreprendre des analyses de modèles prédictifs de ce qui pourrait se produire afin de contrer efficacement tout défi auquel le pays pourrait être confronté. Pour ce faire, ils doivent collaborer avec d’autres institutions clés en dehors du secteur public.
Références
Aryeetey, E. et Baah-Boateng, W. (2015). Comprendre le paysage de l’emploi au Ghana. Institut de recherche statistique, sociale et économique.
Baah-Boateng, W. (2016). Le défi du chômage des jeunes en Afrique : Quels en sont les moteurs ? Economic and Labour Relations Review, 27(4), 413-431.
Ghanamma. (2025, 13 novembre). Le ministère de la jeunesse pleure les victimes du stade El-Wak et promet des réformes en matière de sécurité. https://www.ghanamma.com
Ghana Sentinel. (2025, 12 novembre). La bousculade du recrutement au stade El-Wak fait des victimes. https://ghanasentinel.com
Gyampo, R., Graham, E. et Asare, B. (2017). Vigilance politique et gouvernance démocratique au Ghana. African Review, 44(2), 112-135.
Gyimah-Boadi, E. (2020). Democratic erosion and corruption in Ghana. Journal of Democracy, 31(4), 140-154.
Osei-Assibey, E., Danquah, M. et Osei, R. (2016). Emploi des jeunes et patronage politique au Ghana. Centre africain pour la transformation économique.
Pulse Ghana. (2025, 12 novembre). Le nombre de morts augmente dans la bousculade du recrutement militaire d’El-Wak. https://www.pulse.com.gh
La Chronique. (2025, 12 novembre). Several feared dead in El-Wak recruitment stampede. https://thechronicle.com.gh
Nouvelles du Ghana d’aujourd’hui. (2025, 12 novembre). Six morts dans une bousculade au stade El-Wak pendant le recrutement de la GAF. https://today.com.gh




























