Le Ghana est depuis longtemps considéré comme un phare de la démocratie et de la stabilité dans une région souvent en proie aux conflits politiques et à l’incertitude. Cette réputation enviable est cependant un atout fragile, construit sur la sueur et les sacrifices collectifs d’une nation qui a toujours préféré le dialogue à la discorde. À l’approche d’une élection partielle cruciale à Akwatia, à la suite du décès malheureux du député sortant du Nouveau parti patriotique (NPP), nous nous trouvons à un moment critique. Le souvenir des violences électorales qui ont entaché la répétition de certains bureaux de vote à Ablekuma North en juillet 2025 nous rappelle brutalement à quel point nos progrès démocratiques peuvent être rapidement réduits à néant.
Dans les moments de crise nationale ou de défi profond, l’histoire nous montre le pouvoir d’une voix singulière et unificatrice pour transcender les divisions politiques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la France était tombée aux mains de l’Allemagne nazie, le général Charles de Gaulle, en exil à Londres, a prononcé une allocution puissante sur la BBC le 18 juin 1940. Il a appelé le peuple français à résister à l’occupation, déclarant notamment : « La flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas » (de Gaulle, 1940). Ce message, délivré à distance et sans fonction politique en France, est devenu un cri de ralliement pour les Français libres et a inspiré un mouvement de résistance à l’échelle nationale qui a finalement contribué à la libération de la France.
De même, en 1975, face au défi de récupérer ses territoires du Sahara méridional de la domination coloniale espagnole, le roi Hassan II du Maroc a appelé son peuple à participer à la « Marche verte ». Des centaines de milliers de Marocains (hommes et femmes avec leurs enfants), non armés et unis, ont marché vers le sud dans une manifestation de volonté nationale qui a conduit au retrait pacifique de l’Espagne (Hassan II, 1975). Plus récemment, en 2025, face à une sécheresse sévère et prolongée, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a appelé les Marocains à s’abstenir de l’abattage traditionnel du mouton pour la fête de l’Aïd al-Adha. Cette demande, faite pour alléger le fardeau financier des familles en difficulté et la diminution du cheptel, a été largement suivie, démontrant la capacité continue d’une seule voix à unir une nation pour un bien commun (Mohammed VI, 2025). Il convient de rappeler que cette interdiction d’abattage a également été formulée à trois reprises sous le règne du roi Hassan II dans des circonstances diverses (temps de guerre, sécheresse et mandat du FMI) et qu’elle a été respectée dans tous les cas (The Guardian, 2025).
Malheureusement, le Ghana semble aujourd’hui manquer d’une telle figure unificatrice. Notre paysage politique est profondément polarisé, la rivalité féroce entre le NPP et le National Democratic Congress (NDC) imprégnant tous les aspects de la société. Un appel à l’action, aussi noble soit-il ou dans l’intérêt collectif, est souvent immédiatement teinté de couleurs partisanes. Un appel bien intentionné à la paix et à l’unité est trop souvent rejeté comme un stratagème politique de l’un ou l’autre camp, ce qui rend presque impossible pour les Ghanéens de se mettre d’accord sur un front commun, même sur des questions d’importance nationale.
Les conséquences de la répétition des élections d’Ablekuma North ont témoigné avec force de cette division politique profondément ancrée. Les médias sociaux ont été envahis par une rhétorique hostile et des instigations à ce que beaucoup craignaient être un terrain fertile pour une nouvelle violence électorale lors de l’élection partielle d’Akwatia. Ces provocations sont venues de toutes parts, des partisans de base aux hauts responsables du parti. C’est précisément le moment où une voix unique et crédible, libérée de toute loyauté partisane, aurait dû s’élever pour appeler au calme et à la retenue.
Dans l’esprit de dépasser ce cycle de violence et d’acrimonie politique, une recommandation politique unique et décisive pour la prochaine élection partielle d’Akwatia est proposée : toutes les parties prenantes, y compris les partis politiques, sont invitées à faire campagne à Akwatia pendant la période précédant l’élection, mais le jour de l’élection, la circonscription doit être réservée à ses habitants et à ceux qui sont essentiels au processus démocratique. À l’exception des forces de sécurité, des observateurs accrédités et des journalistes, toutes les autres personnes, quel que soit leur statut ou leur position au sein d’un parti politique, doivent quitter la circonscription. Toute personne qui enfreint cette directive doit être sévèrement réprimandée.
Les Ghanéens ont construit une démocratie qui fait l’envie du continent. Cet héritage a été gagné à la sueur de son front et n’est pas un bien à dilapider pour les intérêts étroits et égoïstes d’une petite classe politique. Le Ghana ne doit pas laisser les aspirations de quelques-uns dégrader ses réalisations collectives. L’identité de la nation en tant que peuple uni, lié par des valeurs partagées et un destin commun, est bien plus importante que n’importe quel clivage politique. Il est temps de se rallier à la cause d’une élection partielle pacifique à Akwatia, prouvant une fois de plus que notre unité est notre plus grande force. Que Dieu bénisse notre patrie, le Ghana, et qu’il la rende grande et forte.
Alors que ces recommandations sont proposées, il est également important que l’appareil de sécurité nationale, en particulier le Bureau national des enquêtes (NIB) et le Service de police du Ghana (GPS), utilise les informations des services de renseignement pour développer une évaluation des risques, un plan de réponse et une stratégie pour faire face à toute tentative d’ébranlement de la paix.
Références
De Gaulle, C. (1940, 18 juin). L’appel du 18 juin. BBC. https://www.bbc.com/historyofthebbc/anniversaries/june/de-gaulles-first-broadcast-to-france
Hassan II. (1975, 5 novembre). من خطب جلالة الملك الحسن الثاني الخاصة بالمسيرة الخضراء. Palais royal du Maroc. https://www.youtube.com/watch?v=MKI_qVvnyqA
Mohammed VI. (2025, 2 mars). Message royal à l’occasion de l’Aïd al-Adha. Ministère des affaires religieuses. The Guardian. (2025, 27 février). King asks Moroccans not to kill sheep for Eid al-Adha as drought reduces herds. https://www.theguardian.com/world/2025/feb/27/king-moroccans-not-kill-sheep-eid-al-adha-drought#:~:text=Thu%2027%20Feb%202025%2010.26,to%20a%20six%2Dyear%20drought.
