1.Introduction
Depuis les années 1950, le concept de développement a fait l’objet d’une révision constante. La pensée économique occidentale a d’abord dominé les paradigmes du développement, qui identifiaient le progrès à la croissance économique, contrôlée en grande partie par le PIB et la production manufacturière (Hosseini, 2003). Cette théorisation linéaire du développement, fondée sur la théorie de la modernisation, considérait que le développement passait par un cycle de la tradition à la modernité (Alden et al., 2019). Dans les années 1970, cependant, ce cadre restreint a été fortement critiqué, principalement par des intellectuels comme Amartya Sen, qui a mis l’accent sur les capacités et la liberté, arguant que la croissance consistait en fait à permettre aux gens de mener le type de vie qu’ils souhaitaient (Fukuda-Parr & Cid-Martinez, 2019). Ce cadre a servi de base à l’indice de développement humain (IDH) qui a vu le jour dans les années 1980 et 1990 et a combiné le revenu, l’éducation et l’espérance de vie en un indicateur de croissance qui n’est pas basé sur le revenu (Sagar & Najam, 1998).
Au début des années 2000, le débat est devenu plus fluide, reconnaissant que le développement doit également porter sur la durabilité environnementale, la gouvernance, l’inégalité et l’inclusion sociale (Mensah, 2019). Les objectifs de développement mondiaux sont devenus le nouveau cadre : tout d’abord, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) (2000-2015), axés avant tout sur l’amélioration des conditions de vie en Afrique subsaharienne ; puis les objectifs de développement durable (ODD) (2015-2030), qui globalisent l’agenda avec 17 objectifs interconnectés. Aujourd’hui, le progrès est de plus en plus façonné par les discours sur la décroissance, les limites de la planète et les politiques de mesure, qui remettent en question non seulement ce qui est réalisé, mais aussi la manière dont le progrès est défini et qui est habilité à le définir (Brand et al., 2019 ; Büchs & Koch, 2019).
Le Ghana a fait preuve d’un engagement fort à l’égard des OMD et des ODD. Les objectifs ont été intégrés dans les plans de développement nationaux, avec des cadres institutionnels tels que le Comité de coordination interministériel sur les ODD et le système de budgétisation des ODD. Des examens nationaux volontaires (ENV) ont été soumis et le Ghana est souvent salué comme un pays africain proactif en matière d’alignement sur les ODD. Toutefois, à cinq ans de l’échéance de 2030, d’importants défis subsistent. Cet article examine les progrès accomplis par le Ghana dans la réalisation des ODD, identifie les principales réalisations et les défis persistants, et plaide en faveur de la nécessité urgente de localiser les indicateurs des ODD et les stratégies de mise en œuvre. Il soutient que la prédominance continue d’indicateurs mondiaux standardisés, souvent aveugles à l’informalité, à la spécificité culturelle et à l’inégalité spatiale, sape l’efficacité de la mise en œuvre des ODD au Ghana et dans d’autres contextes similaires du Sud. L’article se demande en outre si ces cadres mondiaux risquent de renforcer la dépendance à l’égard des modèles occidentaux et propose une feuille de route pour 2030 et au-delà qui met l’accent sur une planification du développement contextualisée, pilotée par les populations et prise en charge par les pays.
2. les progrès du Ghana vers les ODD : un examen des réalisations et des défis persistants
2.1 ODD 1 (Pas de pauvreté) et ODD 2 (Faim zéro)
Par le passé, le Ghana a intégré la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire dans son programme de développement national, en commençant par les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), lorsque les deux cibles ont été intégrées dans une seule cible visant à éradiquer l’extrême pauvreté et la faim. La toute première stratégie reposait sur le lien naturel entre la pauvreté et la faim et a préparé le terrain pour les ODD 1 et 2 de l’Agenda 2030. Le Ghana a accompli des progrès considérables dans le cadre de l’OMD 1. Le rapport 2010 sur les OMD du service statistique ghanéen, publié en 2013, indique que le pays est globalement en bonne voie pour éliminer l’extrême pauvreté nationale et l’extrême pauvreté rurale et urbaine. Bien que les données récentes sur les tendances de la pauvreté soient limitées, les chiffres économiques font état de progrès considérables. Entre 1991 et 2012, l’incidence de la pauvreté au Ghana a été réduite de moitié, passant de 52,6 % à 21,4 %, en grande partie grâce à une croissance économique persistante (Ackah & Aryeetey, 2012). La pauvreté est néanmoins profondément ancrée dans les régions du Nord, de l’Upper East et de l’Upper West (Whitehead, 2006). Par exemple, le Service statistique du Ghana a estimé qu’il serait très difficile de réduire l’extrême pauvreté de 41,8 points de pourcentage dans certaines régions (Ghana Statistical Service, 2013). Par conséquent, le Ghana a lancé d’importantes interventions de protection sociale, la plus notable étant l’initiative Livelihood Empowerment Against Poverty (LEAP) dans le cadre de la stratégie nationale de protection sociale (NSPS). Le LEAP fournit des transferts en espèces aux plus pauvres des pauvres, avec plus de 200 000 bénéficiaires atteints à ce jour, ciblant les 20 % les plus pauvres de la population (Bawelle, 2016). Ce programme a contribué de manière décisive à l’atténuation des effets de la pauvreté absolue, complétée par des efforts en faveur de l’inclusion financière et d’une croissance économique soutenue.
2.2 La santé et l’éducation, fondements du développement humain
En complément des efforts déployés en matière de pauvreté et de sécurité alimentaire, le Ghana a réalisé des progrès significatifs dans les domaines de la santé et de l’éducation. Des initiatives telles que le régime national d’assurance maladie (NHIS) ont élargi l’accès aux services de santé et réduit les obstacles financiers. Les efforts de lutte contre les maladies, notamment le paludisme, le VIH/SIDA et la tuberculose, se sont également intensifiés grâce à des stratégies préventives, curatives et de sensibilisation. Dans le secteur de l’éducation, le pays a enregistré des progrès significatifs, avec moins de 1 % d’enfants non scolarisés dans le primaire et seulement 10 % dans le premier cycle du secondaire d’ici 2019. L’introduction de l’enseignement secondaire gratuit a encore stimulé les inscriptions. Malgré ces progrès, les résultats de l’apprentissage restent préoccupants. Alors que le taux de scolarisation dans le préprimaire a atteint 99 % en 2014, seuls 22 % des élèves du primaire maîtrisent les mathématiques et 37 % la lecture (ActionAid, 2020). Les performances du Ghana sur l’indice de développement humain restent louables, avec des scores de 0,968 et 0,978 dans les domaines de la santé et de l’éducation, respectivement (PNUD, 2024). Cependant, malgré ces progrès, les disparités entre les sexes persistent. En effet, les femmes ghanéennes ont 33 % de chances en moins d’accéder aux mêmes opportunités que les hommes, avec un indice d’écart entre les sexes de 0,672 en 2022. Les indicateurs d’autonomisation politique et économique des femmes restent particulièrement faibles.
2.3 Durabilité environnementale et résilience urbaine (ODD 6, 11, 13, 14, 15)
La croissance économique rapide du Ghana s’est faite au prix d’un lourd tribut environnemental. Le pays est confronté à de graves problèmes de protection de l’environnement et de durabilité urbaine. La dégradation des sols fait perdre au Ghana plus de 500 millions de dollars US par an, et la déforestation entraîne des pertes d’environ 400 millions de dollars US par an. Le Ghana a perdu cinq millions d’hectares de couverture forestière entre 2001 et 2015 (Srivastava & Pawlowska, 2020). L’extraction illégale d’or à petite échelle (galamsey) a contribué à la dégradation de l’environnement, en contaminant les rivières avec du mercure et en entraînant des coûts de santé estimés à 240 millions de dollars américains. L’érosion côtière menace également les zones de faible altitude, le Ghana perdant environ 2,7 millions de mètres carrés de littoral par an. Les communautés et les sites culturels comme Cape Coast et Elmina sont menacés par ces menaces. La surpêche, en particulier celle des petits poissons pélagiques, épuise les ressources marines et pourrait détruire jusqu’à 500 000 emplois (Srivastava & Pawlowska, 2020). Dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, le Ghana a atteint un taux d’accès de 88 % aux services d’eau de base et de 42 % à des sources gérées en toute sécurité. L’assainissement reste un problème, avec seulement 25 % d’accès aux installations de base (Nations unies, 2023). Le manque d’hygiène est responsable de milliers de décès par an dus à des maladies liées à l’eau. Bien que le Ghana dispose d’un potentiel de production d’énergie locale et de renforcement des systèmes (ODD 7), des actions plus ciblées sont nécessaires pour tirer parti de ce potentiel.
3. Lacunes dans les indicateurs
Le cadre mondial des objectifs de développement durable (ODD) s’appuie sur des indicateurs standardisés pour mesurer et comparer les progrès entre les nations. Bien que cette approche soit utile pour assurer la responsabilité et faciliter l’étalonnage international, elle risque d’effacer les particularités socio-spatiales qui façonnent les résultats du développement dans des pays comme le Ghana. Le recours à des mesures uniformes, développées en grande partie par des institutions mondiales et modelées sur des économies formelles et des systèmes hautement réglementés, tend à négliger les complexités des systèmes informels, qui sont au cœur de la vie quotidienne dans de nombreuses régions du Sud. L’un des exemples les plus frappants est la façon dont l’accès au transport est mesuré. Les indicateurs des ODD mondiaux reposent souvent sur la présence de routes pavées ou de réseaux formels de transport en commun dans un certain rayon. Dans le contexte ghanéen, cependant, ces mesures sous-estiment largement la mobilité réelle. La majorité des citadins, en particulier dans les communautés à faibles revenus, dépendent de systèmes informels et semi-formels tels que les trotros (minibus), les taxis partagés et les services de motos non enregistrées (communément appelées okada). Ces réseaux, bien que décentralisés, mal gouvernés et parfois stigmatisés, constituent l’épine dorsale de la mobilité urbaine. Pourtant, ils sont systématiquement exclus des ensembles de données officielles, ce qui donne la fausse impression que de larges segments de la population n’ont pas accès aux transports ou que les services de mobilité sont sous-développés.
De même, les indicateurs mondiaux relatifs au logement et au développement urbain dans le cadre de l’ODD 11 (Villes et communautés durables) peinent à rendre compte de la vitalité, de l’adaptabilité et de la densité des établissements informels. Au Ghana, en particulier dans les zones urbaines telles qu’Accra, Kumasi et Tamale, les logements informels ne sont pas simplement un signe de pauvreté, ils reflètent un processus dynamique d’urbanisme auto-construit, de négociation sociale et d’adaptation spatiale. Cependant, parce que ces espaces existent souvent en dehors du régime légal de planification, ils sont qualifiés de « bidonvilles » et donc traités comme des échecs dans le système global d’établissement de rapports. Cela a pour effet non seulement de délégitimer l’action urbaine de millions de personnes, mais aussi de créer une invisibilité des données, où des populations entières sont présentes sur le terrain mais absentes des tableaux de bord politiques. En outre, l’économie informelle, qui représente plus de 80 % de l’emploi au Ghana, est à peine prise en compte dans les indicateurs mondiaux relatifs au travail décent (objectif de développement durable n° 8) ou à la croissance économique. Qu’il s’agisse des femmes de marché, des vendeurs de rue, des artisans ou des travailleurs du transport informel, la majorité de la population active ghanéenne travaille en dehors du champ d’application des contrats formels, de la protection du travail et de la fiscalité. Pourtant, les cadres de mesure mondiaux ont tendance à donner la priorité à l’emploi salarié formel, négligeant le travail précaire mais productif qui soutient de nombreux moyens de subsistance.
La dépendance excessive à l’égard des indicateurs globaux met également à l’écart les initiatives communautaires et participatives de collecte de données qui pourraient offrir des informations plus granulaires et mieux adaptées au contexte. Ces dernières années, des organisations de la société civile, telles que le service statistique du Ghana qui collabore avec des ONG et des réseaux urbains de base, ont tenté de combler cette lacune par le biais de la cartographie communautaire, d’enquêtes auprès des ménages et de rapports parallèles. Cependant, ces efforts restent souvent marginalisés dans les systèmes de rapports officiels, considérés comme complémentaires plutôt que centraux dans le suivi des ODD. Au cœur de cette critique se trouve une question épistémologique plus profonde : quel savoir compte dans la définition et la mesure du développement ? La prédominance d’indicateurs technocratiques descendants risque de reproduire un modèle de développement aveugle à la diversité, à l’informalité et à l’improvisation, caractéristiques de la survie et de l’innovation dans de nombreux contextes africains. À l’approche de l’échéance de 2030, il est de plus en plus admis que les indicateurs de développement doivent être plus sensibles au lieu, à la culture et à l’informalité. Sans une évolution vers des indicateurs localisés et coproduits, le Ghana et, en fait, de nombreux pays du Sud, risquent d’être mal diagnostiqués dans les évaluations mondiales. Pire encore, l’invisibilité produite par ces indicateurs peut conduire à une mauvaise allocation des ressources, à des interventions malavisées et à une marginalisation accrue des communautés vulnérables. Ainsi, les limites des indicateurs mondiaux ne sont pas simplement techniques, elles sont profondément politiques, car elles déterminent quelles vies sont vues, appréciées et améliorées sous la bannière du développement durable.
4. Conclusion
L’engagement du Ghana en faveur des objectifs de développement durable est clair et louable, mais le chemin à parcourir pour les atteindre a révélé des tensions plus profondes entre les aspirations mondiales et les réalités locales. Si des progrès ont été accomplis, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la lutte contre la pauvreté, les indicateurs standardisés utilisés pour mesurer le développement ne parviennent souvent pas à saisir les nuances de la vie au Ghana, où l’informalité, l’identité culturelle et l’inégalité spatiale déterminent la manière dont le développement se déroule. En conséquence, les efforts nationaux risquent d’être mal représentés, mal orientés ou sous-évalués.
En outre, la pauvreté et l’inégalité sont exacerbées par le système commercial mondial inéquitable qui fait que la croissance économique n’est pas cohérente ou ne se traduit pas efficacement par une réduction de la pauvreté. Le taux de chômage élevé chez les jeunes, l’industrialisation limitée et les infrastructures inadéquates limitent le potentiel de développement économique. Le commerce du carbone et le manque de résilience climatique ont aggravé les vulnérabilités climatiques. En outre, le surendettement et les déficits de financement restent un défi majeur pour atteindre les objectifs d’ici à 2030.
Pour aller de l’avant, il est essentiel que le Ghana s’approprie davantage son programme de développement en élaborant des indicateurs, des stratégies et des institutions adaptés à son contexte unique. Cela signifie qu’il faut reconnaître l’informalité comme un système légitime, intégrer les valeurs culturelles dans la planification et résister aux modèles externes qui renforcent la dépendance. La route vers 2030 et au-delà doit être pavée non seulement d’engagements globaux, mais aussi d’actions ancrées localement. Pour que le Ghana ne laisse vraiment personne de côté, le développement doit être considéré comme un processus souverain et situé, qui valorise l’expérience vécue autant que les repères mondiaux.
Référence
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