Introduction
Les médias sociaux ont redéfini la manière dont les gens communiquent, s’organisent et réagissent aux événements en temps réel. La transformation numérique au Ghana a créé de nouvelles opportunités ainsi que des problèmes de sécurité pour le pays. L’utilisation des données des médias sociaux à des fins de renseignement, connue sous le nom de Social Media Intelligence (SOCMINT), est devenue essentielle pour les activités de renseignement du Ghana. La croissance de l’activité en ligne nécessite que les organisations de sécurité ghanéennes établissent des cadres SOCMINT pour améliorer leur capacité à détecter les menaces, à surveiller les crises et à analyser l’opinion publique. Cet article examine l’évolution historique du SOCMINT au Ghana, ses applications et défis actuels, ses méthodes opérationnelles, ses considérations juridiques et éthiques, et ses orientations futures.
Historique
Le Ghana a traditionnellement obtenu des renseignements par le biais de renseignements humains (HUMINT) et de renseignements de sources ouvertes (OSINT), qui provenaient de sources médiatiques conventionnelles [1][10]. La transition mondiale vers la communication numérique, en particulier après les émeutes de Londres en 2011, a mis en évidence le rôle critique des plateformes de médias sociaux dans la réponse aux crises [2]. Le Ghana a commencé à intégrer la surveillance des médias sociaux dans la sécurité nationale à la suite de ces développements. L’intégration du SOCMINT a été soutenue par des avancées législatives, notamment la loi sur la cybersécurité de 2019 et la politique nationale sur le commerce numérique et les paiements [3][4]. La stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle (2023-2033) témoigne en outre de l’engagement du Ghana en faveur de l’innovation en matière de sécurité numérique [4].
Paysage actuel
La stratégie de sécurité nationale du Ghana s’appuie désormais fortement sur le SOCMINT. Les plateformes de médias sociaux sont des outils essentiels pour suivre le discours public et détecter les menaces en raison de leur taux d’utilisation élevé [2]. L’Autorité de la cybersécurité (CSA) collabore avec le ministère des communications et de la numérisation pour sécuriser la communication numérique par le biais de politiques pertinentes [5]. Les agences relevant du Secrétariat du Conseil national de sécurité utilisent SOCMINT dans les opérations de contre-terrorisme et de gestion de crise [6].
Méthodologies dans le domaine SOCMINT
Le cadre opérationnel SOCMINT du Ghana est basé sur les principes OSINT. Les analystes utilisent diverses stratégies de collecte de données, notamment la surveillance des mots-clés, l’analyse des sentiments et l’extraction de contenu à partir de plateformes telles que Facebook, X et Instagram [7][9]. Des outils et des filtres permettent d’affiner les résultats de la recherche et d’isoler les données pertinentes.
La collecte de données est suivie d’étapes de traitement qui utilisent des outils de visualisation et de traitement du langage naturel pour nettoyer les données et identifier des modèles [7][2]. Les données analysées sont diffusées sous forme de rapports et d’alertes en temps réel pour faciliter la prise de décision [7][11].
Considérations éthiques
L’éthique est au cœur de SOCMINT. La loi ghanéenne de 2012 sur la protection des données protège les droits individuels à la vie privée en établissant des règles claires pour le traitement des données [8][17]. Les professionnels de l’OSINT sont guidés par des codes de déontologie qui mettent l’accent sur l’exactitude, la transparence et le respect des droits individuels [11][19]. Cependant, des défis subsistent. Les analystes sont confrontés à des dilemmes éthiques lors de la collecte des données, en particulier lorsque les utilisateurs n’ont pas donné leur consentement. Les exigences de sécurité requièrent une autorisation légale ou un consentement éclairé afin de trouver un équilibre entre la protection de la vie privée et les intérêts de sécurité nationale [11][15].
Défis de la mise en œuvre
L’énorme volume de contenu des médias sociaux peut submerger les analystes, augmentant le risque de manquer des informations critiques [2]. La fiabilité des informations est également menacée par les faux comptes et les réseaux de robots [2][5]. Les agences doivent relever des défis juridiques complexes lorsqu’elles tentent de préserver la vie privée tout en respectant les obligations en matière de sécurité [7][8].
Études de cas sur l’utilisation abusive des médias sociaux au Ghana
Entre 2017 et 2021, l’utilisation abusive des médias sociaux au Ghana a augmenté, des individus utilisant les plateformes pour diffuser de la désinformation, commettre des cyberattaques et se livrer à des activités frauduleuses. Ces incidents soulignent la nécessité de mettre en place des programmes d’alphabétisation numérique et de faire respecter des normes éthiques [9][12]. L’idée que le public se fait de la sécurité nationale, façonnée par les médias traditionnels et numériques, montre comment les médias sociaux influencent les perceptions [13][14]. Les préoccupations éthiques, telles que la collecte non autorisée de données, nécessitent des cadres juridiques et de protection appropriés [11][15].
Cadre juridique et politique
La loi de 2020 sur la sécurité nationale et le bureau de renseignement (National Security and Intelligence Bureau Act) a accordé aux agences de sécurité des capacités élargies pour surveiller les médias sociaux, tout en décrivant les protections de la vie privée [4][16]. La loi sur la protection des données de 2012 fournit des lignes directrices sur la manière dont les organisations doivent gérer la collecte, le stockage et le partage des données [8][18]. Les praticiens de l’OSINT doivent respecter les exigences légales et les normes éthiques qui mettent l’accent sur l’équité, la transparence et la minimisation des dommages [11][19].
Bien que la loi sur la cybersécurité représente un pas en avant, elle ne définit pas clairement les limites ou les garanties de l’utilisation de SOCMINT. Une mise en œuvre transparente est nécessaire pour éviter les abus [23]. La confiance du public dépend de la manière dont le gouvernement communique son approche et respecte les droits des citoyens dans le processus.
Impact sur la sécurité nationale
SOCMINT renforce la sécurité nationale du Ghana en fournissant des renseignements en temps réel et une connaissance de la situation, en particulier dans les situations d’urgence [2][21]. Son efficacité dépend de l’exactitude et de la vérification des données, qui sont essentielles pour lutter contre la désinformation et les « deepfakes » [8][22]. À mesure que la dépendance à l’égard des outils numériques augmente, les préoccupations relatives à la sécurité et à la responsabilité de protéger les libertés civiles se multiplient [11][21].
Conclusion
L’avenir du SOCMINT au Ghana est prometteur, en particulier grâce aux avancées technologiques en matière d’IA et d’apprentissage automatique qui peuvent accroître la vitesse et la précision de la détection des menaces [3][2]. La stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle met l’accent sur l’utilisation éthique des technologies dans les activités de renseignement, en particulier dans les situations d’urgence [4].
Le renforcement de SOCMINT dépendra non seulement des initiatives gouvernementales, mais aussi des partenariats avec le secteur privé et les institutions universitaires. Des ateliers multipartites et des collaborations intersectorielles permettront de renforcer les capacités et de soutenir le développement de cadres juridiques et éthiques [4].
Les médias sociaux sont désormais au cœur de l’architecture de sécurité du Ghana. L’utilisation responsable de SOCMINT peut améliorer la sécurité nationale, à condition qu’elle respecte les normes juridiques, les normes éthiques, la compétence technologique et la gouvernance inclusive. Cela permettra au Ghana de tirer pleinement parti de SOCMINT pour sauvegarder les intérêts nationaux et défendre les droits démocratiques.
Références
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2589871X20300619
- https://jieas.net/wp-content/uploads/2025/03/JIEAS_14.pdf
- https://flashpoint.io/blog/social-media-intelligence-national-security/
- https://thebftonline.com/2024/12/10/bridging-the-gap-between-artificial-intelligence-and-intellectual-property-legal-and-ethical-considerations/
- https://www.ucd.ie/newsandopinion/news/2025/april/25/opinionaipoliciesinafricalessonsfromghanaandrwanda/
- https://www.trade.gov/country-commercial-guides/ghana-digital-economy
- https://ir.parliament.gh/bitstream/handle/123456789/3152/Ministry%20of%20National%20Security%2C%20Ghana%20Annual%20Report%20for%20the%20Parliament%20of%20Ghana%201st%20January%20to%2031st%20December%2C%202022.pdf?sequence=1&isAllowed=y
- https://www.sans.org/blog/what-is-open-source-intelligence/
- https://rsisinternational.org/journals/ijriss/articles/social-media-misuse-in-ghana-ethical-implications-and-its-influence-on-national-values/
- https://medium.com/@scottbolen/the-ethical-considerations-of-osint-privacy-vs-information-gathering-63b5b2f76c55
- https://citeseerx.ist.psu.edu/document?repid=rep1&type=pdf&doi=e161b83fb4f4e694fc9796c43f3525f71b24ca79
- https://idac.dubawa.org/information-disorder-in-the-media-implication-for-national-security-in-the-sub-region-of-west-africa-the-case-of-ghana/
- https://www.ej-develop.org/index.php/ejdevelop/article/view/286
- https://nita.gov.gh/theevooc/2017/12/Data-Protection-Act-2012-Act-843.pdf
- https://wiki.digitalrights.community/index.php?title=February_22_2024_GM
- https://iipgh.org/navigating-technological-advancement-and-ai-the-crucial-role-of-privacy-and-data-protection/
- https://en.wikipedia.org/wiki/Data_Protection_Act,_2012
- https://www.maltego.com/blog/everything-about-social-media-intelligence-socmint-and-investigations/
- https://www.researchgate.net/publication/361643204_Ethical_Social_Media_Marketing_in_Africa
- https://www.macrothink.org/journal/index.php/jsss/article/download/13823/10917
- https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23800992.2021.1968582
- https://www.myjoyonline.com/mahamas-social-media-hack-a-wake-up-call-for-ghanas-cybersecurity/
- https://africacenter.org/spotlight/ghana-multistakeholder-cyber-security/