Le Centre for Intelligence and Security Analysis (CISA), une organisation non gouvernementale dans le domaine de la sécurité et du renseignement, a appelé le gouvernement à promulguer une nouvelle législation antiterroriste afin de renforcer la lutte du pays contre le terrorisme.
La nouvelle législation, que le Centre nomme « Foreign Fighters Act (FFA) », prévoit la réintégration des jeunes radicalisés et des rapatriés de guerre, ainsi que des sanctions plus sévères pour les personnes qui se livrent à des activités terroristes.
M. Rasheed Inusah, directeur général de la CISA, a lancé cet appel lors d’un atelier de sensibilisation destiné à certains professionnels des médias, à Accra, vendredi.
Elle avait pour thème : « Les médias et la sécurité dans une année électorale ».
La loi 762 (Ghana Anti-Terrorism Act, 2008) est le principal texte législatif qui définit le cadre juridique relatif à l’extrémisme violent et au terrorisme au Ghana.
M. Inusah, ancien directeur général du National Intelligence Bureau (NIB), a toutefois noté que l’absence de FFA était inquiétante.
Il a expliqué qu’au cours des dernières années, le nombre de jeunes Ghanéens ayant rejoint des groupes terroristes ou s’étant rendus dans des zones de guerre ou des cellules terroristes avait augmenté, soulignant que même si le pays n’avait été témoin d’aucune attaque terroriste, la situation était alarmante.
« L’absence de loi sur les combattants étrangers est inquiétante, car de plus en plus de jeunes Ghanéens s’enfuient vers des zones de guerre, des cellules terroristes, et reviennent sous la forme de loups solitaires radicalisés ou de cellules dormantes », a déclaré M. Inusah.
« En 2015, un diplômé ghanéen de 25 ans, Mohammed Nazir Nortei Alema, a été recruté par ISIS mais est ensuite mort en Syrie. »
En octobre 2017, des rapports ont indiqué qu’une centaine de migrants ghanéens avaient rejoint ISIS en Libye, certains ayant été enrôlés de force tandis que d’autres l’avaient rejoint volontairement pour des raisons financières et de sécurité.
De nouveau, depuis janvier 2024, des rapports font état d’un nombre indéterminé de Ghanéens recrutés dans les deux camps du conflit russo-ukrainien en cours.
« Alors que de plus en plus de personnes sont recrutées dans les zones de guerre, que se passe-t-il si elles reviennent s’installer dans leur pays d’origine ?
Il a donc exhorté le gouvernement à adopter immédiatement une législation prévoyant la réintégration de ces groupes de personnes afin de maintenir la paix et la sécurité dans l’État.
« Il est maintenant temps pour la plupart des pays d’Afrique, et en particulier pour le Ghana, d’envisager la nécessité urgente de répondre à ces préoccupations par la promulgation d’une nouvelle législation antiterroriste (Foreign Fighters Act) ».
La menace croissante des « cellules dormantes et des loups solitaires », c’est-à-dire d’un groupe d’agents, d’espions ou de terroristes vivant en secret au sein d’une communauté ciblée, est encore plus grave.
« L’accord de libre-échange donnera aux services répressifs les moyens de prendre des mesures efficaces avant qu’un acte terroriste ne soit commis », a-t-il ajouté.
L’ancien directeur général du NIB a exprimé son inquiétude quant à la situation économique actuelle du pays, avertissant que ce phénomène avait rendu les jeunes plus vulnérables à l’exploitation étrangère et aux prédateurs extérieurs.
Il a exhorté le gouvernement à relever les défis, en particulier le taux élevé de chômage des jeunes, qui s’élève actuellement à 12,2 %, afin d’éviter que ces groupes terroristes ne recrutent à l’avenir des jeunes.
Il a appelé à la mise en place de garanties adéquates pour renforcer les capacités des institutions de sécurité et de renseignement afin d’assurer la sécurité du pays.
Abordant les responsabilités des médias dans la protection du processus électoral, M. Inusah a déclaré que les journalistes devaient éviter le sensationnalisme, l’alarmisme et la diffusion de fausses informations, car ils pourraient constituer des menaces pour la sécurité nationale.
Il a exhorté les médias à donner la priorité à leur sécurité, en particulier dans les points chauds des élections, et à veiller à rester neutres, à se concentrer sur la présentation des faits et à prêter l’oreille à toutes les parties pour un reportage équilibré.
La CISA est une organisation non gouvernementale axée sur la sécurité et le renseignement, qui s’efforce d’articuler et d’aider à relever les nombreux défis sécuritaires auxquels est confrontée la sous-région de l’Afrique de l’Ouest.
Pour atteindre ses objectifs, elle utilise divers outils, notamment la recherche systématique et la publication d’articles par des analystes de la CISA et des praticiens chevronnés de la sécurité et du renseignement.